Le Roman de la Rose écrit par Guillaume de Lorris raconte la quête onirique d'une rose aperçue par le jeune narrateur dans la fontaine d'un verger paradisiaque. Au début de son rêve, le narrateur contourne le mur du jardin où sont peintes les figures du vice pour frapper à une petite porte ; une femme vient gracieusement lui ouvrir.
Son portrait est présenté suivant les règles traditionnelles de la rhétorique courtoise par le narrateur-écrivain qui commente à plusieurs reprises la perfection de son modèle : les traits de son corps, de ses cheveux jusqu'à la gorge, sa stature complète, et ses atours signalent une beauté hors du commun, synonyme de sa condition aristocratique.
Nous allons voir dans ce travail comment l'entrée dans le jardin ne signifie pas la fin du récit, mais au contraire lance une quête longue et périlleuse ?
[...] La description d'Oiseuse est faite par un narrateur omniscient, car ici l'apparence donne l'essence : le seul fait de voir Oiseuse en donne la signification. Il n'est nul besoin d'invoquer l'auteur ultérieur du récit, car le narrateur peut comprendre qui est Oiseuse, car Oiseuse est ce qu'elle paraît. Une leçon d'aristocratie: un véritable savoir-vivre est décrit. Il ne s'agit pas seulement d'être riche, il faut encore avoir des occupations dignes. La toilette, ainsi que les règles de la conversation sont ainsi évoquées. [...]
[...] Cette première rencontre avec une femme parfaite ne constitue qu'une étape initiatique dans le récit : c'est ici le portrait féminin le plus achevé et le plus séduisant. De nombreux songes se terminent par la vision d'une femme parfaite ou par l'entrée dans le verger paradisiaque. Problématique: Comment l'entrée dans le jardin ne signifie pas la fin du récit, mais au contraire lance une quête longue et périlleuse ? La séduction d'une femme parfaite Rhétorique de l'éloge: lieux communs, comparaisons, ainsi qu'aux vers 545-547 : La gorge ot autresi blanche / Com est la noif desus la branche / Quant il a freschement negié Le portrait d'Oiseuse est à rapprocher de la longue série de portraits de la beauté féminine que l'on trouve chez Chrétien de Troyes (Blanchefleur ) et dans le roman en général. [...]
[...] Le Roman de la Rose, Guillaume de Lorris, Jean de Meun. Commentaire du portrait d'Oiseuse, vv. 527-588, édition du Livre de Poche Introduction Le Roman de la Rose écrit par Guillaume de Lorris raconte la quête onirique d'une rose aperçue par le jeune narrateur dans la fontaine d'un verger paradisiaque. Au début de son rêve, le narrateur contourne le mur du jardin où sont peintes les figures du vice pour frapper à une petite porte ; une femme vient gracieusement lui ouvrir. [...]
[...] Batany, l'intérêt d'une aristocratie est toujours de faire croire qu'elle peut être à la fois, par une sorte de privilège surnaturel, infiniment active et infiniment oisive (le cas typique étant toujours celui des moines, actifs par leurs prières) ; le critique rappelle que, malgré les apparences, ce sont les peintures immobiles du mir qui représentent le travail et la peine, et ce sont les personnages du jardin, emportés dans une danse éternelle, qui représentent le véritable repos. Celui du temps libre Et c'est Oiseuse, dont le portrait très long est peut-être le plus complet du roman, qui ouvre la porte. [...]
[...] Son inactivité fait référence à la richesse aristocratique, mais on peut se demander s'il y a un sens positif plus fort, comme par exemple celui de la vie contemplative : les délices du jardin ne seraient alors que la préfiguration de l'amour divin, et on entre dans le verger de l'amour divin par la vie contemplative, par ce qu'Oiseuse représente. On peut également se demander s'il faut accentuer l'aspect négatif : dans cette figure de l'aristocratie, on pourrait voir la condition de la vie futile. Cependant, cette interprétation négative a moins de poids, dans la mesure où les roses que porte Oiseuse sont un symbole positif du début à la fin de l'œuvre. Quoi qu'il en soit, il n'est pas nécessaire d'aller jusqu'à l'une ou l'autre de ces interprétations qui, trop explicites, réduisent la richesse du texte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture