En parcourant un recueil de fables, qu'il soit écrit par La Fontaine ou Marie de France, on remarque que le renard en est une figure récurrente, et qu'elle tient souvent la même place, c'est-à-dire celle du trompeur, farceur et autre moqueur animal. Dans le Roman de Renart, le goupil est le protagoniste principal d'un recueil de branches, le plus souvent anonyme, et qui joue des tours à bon nombre de personnages, animal comme humain. L'extrait que nous étudions se situe dans la branche IX, branche anonyme, qui nous présente un manant obligé de se séparer de son meilleur boeuf. Se lamentant sur le bord de la route, il se fait aborder par Renart qui lui demande la raison de cette peine. S'en suit alors une énumération des différents tours joués par Renart. Nous chercherons à savoir ce qui, dans ce texte, fait la particularité de Renart. Pour répondre à cette question, nous verrons dans une première partie la structure même du texte, dans laquelle nous aborderons la narration et les différentes figures de style. Puis nous verrons dans une seconde partie de quelle façon la société est critiquée.
[...] Mais connaissant le personnage de Renart, il peut tout aussi bien s'agir d'une ruse afin d'enjoliver sa réputation. CONCLUSION On peut donc conclure en disant que contrairement aux autres branches ou à des extraits étudiés précédemment, cet extrait ne montre pas directement les méfaits et tromperies de Renart. Au contraire, ici, Renart devient narrateur des tours qu'il joue aux autres, et en particulier à Isengrin, comme dans une mise en abyme. Mais contrairement à ce qu'on peut penser, le renard n'est pas toujours le trompeur fourbe tel qu'on peut le voir dans les différentes branches de nos volumes. [...]
[...] Les figures de style sont donc présentes dans cet extrait, certes en nombres peu importants, mais leur importance est démontrable. Ainsi on peut commencer vers 466 avec une allitération en V vers le vilein en vint corant qui pourrait être traduit comme une façon de traduire la vitesse et l'empressement de Renart. Au vers 476 et 477, le narrateur répète le terme foux à deux reprises, renforçant l'insulte prononcée par Renart à l'encontre du paysan. Autre figure importante située des vers 487 à 489, le narrateur emploie une polyptote, et répète les termes de la famille de meint, renforçant le fait que Renart à de nombreuses reprises le rôle d'avocat (Ai ge meü meint aspre plet Et meintes fois de droit tord fet, Et molt sovent de tord le droit.). [...]
[...] Selon certaines interprétations, Renart représenterait le petit peuple, toujours prêt à tout pour survivre et qui n'a souvent rien à perdre, Ysengrin serait alors la bourgeoisie, lourde et pas toujours très habile. Quant aux autres animaux, ils représenteraient les autres classes sociales. Mais dans le texte, tous les personnages sont explicitement présentés comme appartenant à la noblesse. Renart est un chevalier qui vit dans son château de Maupertuis. Il est aussi le premier à se moquer des vilains comme le montre l'extrait : Renart cherche à se faire complimenter par le paysan. [...]
[...] Les auteurs se moquent de tout, montrant partout l'hypocrisie. Et cette hypocrisie se voit par exemple dès le début du dialogue entre le paysan et le goupil. Le renart ne fait d'habitude pas preuve de politesse, d'autant plus que le paysan lui est nettement inférieur. Et les premiers mots de Renart le montre bien : il appelle le paysan manant afin d'établir la place de chacun. Sa politesse ne sera que de courte durée, puisque s'ensuit le mépris du renard sur le paysan, qui vient de lui dire qu'il ne servirait à rien qu'il lui raconte ses malheurs. [...]
[...] On peut donc penser que ces parties étaient soit bien connues à l'époque, soit que les auteurs de ces différentes branches se connaissaient, bien qu'ils soient aujourd'hui tombés dans l'anonymat. Ce résumé de Renart lui permet de montrer ses capacités à tromper, mais aussi à pouvoir aider le paysan, en lui prouvant qu'il n'est pas n'importe qui. Enfin, on peut donner plusieurs interprétations à ce texte en ce qui concerne sa forme. Il peut être d'abord une mise en abyme puisqu'il s'agit de récits, ou résumé de branches enchâssés dans un autre récit. [...]
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