Le Roman de Tristan est un texte écrit par Béroul qui relate le mythe de la passion de Tristan et de la reine Yseut. Malgré les précautions prises par les amants, le nain Frocin et les barons qui ourdissent contre eux sont parvenus à révéler au grand jour leur amour interdit. Le roi Marc, doublement trahi par sa femme et son neveu, les condamne tout deux à mort. Tristan est enfermé dans une tour et Yseut est condamnée à brûler vive sur un bûcher. La condamnation à mort doit s'effectuer un jour de fête devant le peuple de Cornouailles, un jour où la présence des lépreux est acceptée. Ceux-ci proposent un marché à Marc, pour que sa vengeance soit à la hauteur de l'insulte qui lui a été faite : il doit leur livrer la reine, pour que son avilissement soit total. Le roi Marc accepte, mais Tristan parvient à s'échapper et s'apprête à combattre les lépreux - menés par Yvain - pour délivrer Yseut.
Ce passage marque la rupture définitive des amants avec le monde de la cour. La passion amoureuse idéalisée est confrontée à l'abjection de la lèpre. La maladie a ici une valeur métaphorique. De quelle manière cet affrontement est-il présenté ? Comment l'opposition entre les amants et les lépreux est-elle mise en valeur, et que symbolise-t-elle ?
Dans un premier temps nous verrons de quelle manière Béroul décrit le monde des lépreux, puis la déchéance de la reine d'être livrée à ces viles personnages, et ce que cela révèle de l'amour entre les deux amants.
I/ L'univers des lépreux
1) La représentation de la lèpre
Les lépreux suscitent la répulsion et la terreur. Cette maladie apparaît au deuxième siècle en Gaule. Au douzième siècle, l'époque des croisades est marquée par une forte poussée de lèpre. Les hommes de cette époque croyaient que cette maladie en était la conséquence, elle était donc également appelée le « mal d'Acre » (Acre étant une ville à Jérusalem). La lèpre régresse à la fin du Moyen-âge, et elle est peu contagieuse. Les hommes pensaient que c'était une maladie vénérienne, contagieuse pendant la période des règles de la femme (moment où elle était considérée comme impure) (...)
[...] Le péché de cet amour est représenté par l'image de la maladie d'Yvain, la lèpre. Ce passage prépare l'épisode de l'exil des amants dans la forêt du Maurois, après s'être échappés, ils se réfugient dans la forêt, en dehors de toute société humaine. La présence des personnages des lépreux annonce le moment où Tristan prend les traits de ces malades pour sauver l'honneur d'Yseut. À cette occasion, la reine se venge de son mari, elle le tourne en ridicule devant toute la cour. [...]
[...] Le Roman de Tristan de Béroul. Commentaire composé de l'épisode d'« Yseut livrée aux lépreux du vers 1145 «L'eve li file aval le vis jusqu'au vers 1270 gent de tes lois Texte étudié : L'eve li file aval le vis. En un bliaut de paile bis Estoit la dame, estoit vestue E d'un fil d'or menu cosue. Si chevel hurtent a ses piez, D'un filet d'or les ot trechiez. Qui voit son cors et sa fachon, Trop par avroit de lié pitié. [...]
[...] Bien entendi que dit Ivain, Cort a Yseut, prist l'a la main. Ele crie : Sire, merci ! Ainz que m'i doignes, art moi ci. Li rois li done, et cil la prent. Des malades i ot bien cent, Qui s'aünent tot entor li. Qui ot le brait, qui ot le cri, A tote gent en prent pitiez. Qui q'en ait duel, Yvains est liez, Vait s'en Yseut, Yvains l'en meine Tot droit aval, par sus l'araine. Des autres meseaus li conplot (Ni a celui n'ait son puiot) Tot droit vont vers l'embuchée Ou ert Tristan, qui les atent. [...]
[...] Ensuite on peut y voir une évocation de la nature féérique d'Yseut : la givre est une fée serpente. Cette créature merveilleuse représente un maléfice pour l'homme. C'est un rêve de puissance et de beauté qui conduit l'homme à sa perte (empreint de maléfice). Par ces comparaisons Yvain revendique Yseut, en la mettant en dehors de la société des hommes. Désormais elle appartient au même monde qu'eux dans la dénomination de givre, elle est hors de la société des hommes. [...]
[...] On peut voir aux vers 1255 et 1256 que les armes utilisées sont infamantes. Le moment où ils retirent leur cape est un rituel qui signifie que l'on va passer à l'action, cela montre leur agressivité. Mais le combat est inégal par la différence de classe sociale des adversaires et par l'importance numérique. On peut voir un double aspect (au vers 1269) entre le preux chevalier, le guerrier courtois qui répond à un idéal, et le lépreux Yvain, un être faible, du côté de la misère. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture