Le drame de Musset se distingue des drames romantiques traditionnels, ou même de la plupart des tragédies antiques par son absence remarquable d'histoire amoureuse.
Favori du duc, entremetteur de ses liaisons et libertin, Lorenzo ne ressemble pas à ces héros passionnés qui recherchent l'âme sœur et assurent à l'élue de leur cœur une place fondamentale dans le déroulement de l'intrigue. Cependant, si la figure amoureuse de la femme est absente du drame, d'autres figures féminines jouent autour du personnage principal un rôle essentiel.
[...] Malgré l'absence d'intrigue amoureuse, les femmes occupent une place centrale dans la pièce de Musset : oscillant entre la figure de la courtisane, qui peut aspirer à un véritable rôle politique dans la cité corrompue, et la figure de la mère, garante des traditions du passé, elles se rejoignent finalement dans l'incarnation symbolique de la ville, Florence, centre du drame, objet de désir et enjeu de chacun. Plan suivi I. La femme courtisane, image de la corruption II. La mère protectrice et conservatrice du passé III. [...]
[...] Florence, figure féminine qu'incarnent toutes les autres Ainsi, la figure de la courtisane et de la mère correspondent à un affrontement qui est au centre du drame, celui de l'ancienne vertu, des Strozzi famille noble qui incarne l'ancien pouvoir républicain, et le nouveau gouvernement de Médicis, incarné par le duc, qui a instauré la corruption et la débauche. L'enjeu de cet affrontement, c'est Florence, la ville de tous les protagonistes, qui est peut-être la figure féminine centrale de la pièce. Dans les discours comme dans les didascalies, Florence est omniprésente. [...]
[...] La muse en scène imaginaire (rappelons que la pièce n'était pas faite pour être jouée) que propose Musset à travers ses didascalies montre à chaque scène une facette différente de la ville. On parcourt ses rues et ses places, on s'introduit dans ses palais. La ville est omniprésente dans la pièce. Ah ! cette Florence ! c'est là qu'on l'a perdu ! s'exclame Catherine en parlant de Lorenzo, personnifiant ainsi la ville en l'assimilant à une maîtresse, comme si Lorenzo avait quitté sa mère pour se jeter dans les bras de Florence. [...]
[...] Ainsi Catherine peut-elle encore voir la beauté sous les nouveaux traits de son neveu : il est encore beau quelquefois dans sa mélancolie étrange Cette figure du passé traditionnel, à un autre niveau, s'incarne dans le personnage de Louise Strozzi, représentante de l'ancienne vertu face à la corruption des courtisanes des Médicis. Il n'est donc pas anodin que l'insulte de Julien Salvati à Louise Strozzi soit au centre du drame. Dès la deuxième scène du premier acte, Salvati tente une approche de Louise Strozzi qui s'offusque. Quelques scènes plus loin, il l'insulte en déclarant à son frère qu'elle a promis de coucher avec lui. [...]
[...] La mère protectrice et conservatrice du passé La courtisane, dans la pièce, s'oppose à une autre figure, qui est celle de la mère. La figure maternelle est tout d'abord explicitement représentée par la mère de Lorenzo, doublée de sa tante, qui joue également par son jeune âge le rôle de sa sœur. Les deux femmes sont les seules à évoquer le passé du héros, et le décrivent, dans une longue scène de dialogue au bord de l'Arno, comme un passé de lumière et de pureté qui se serait corrompu au fil du temps 6). [...]
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