Ainsi, l'épilogue de la chronique ressemble-t-il à l'oeuvre entière à cause de l'alternance entre un récit burlesque et un récit plus sérieux du même épisode, entre une narratrice incompréhensive et un narrateur-enquêteur plus imaginatif et comme en empathie avec un héros qu'il ne juge pas ; à cause aussi de la présence de vides plutôt que de pleins selon le principe cher à Giono de la narration lacunaire et en focalisation interne (...)
[...] Il voit dans le divertissement la condition nécessaire au bonheur de l'homme sur Terre. Quand le divertissement se révèle inefficace ou quand il devient trop cruel, l'homme n'a plus qu'une solution : sortir de cette vie. Ainsi, l'épilogue de la chronique ressemble-t-il à l'œuvre entière à cause de l'alternance entre un récit burlesque et un récit plus sérieux du même épisode, entre une narratrice incompréhensive et un narrateur-enquêteur plus imaginatif et comme en empathie avec un héros qu'il ne juge pas ; à cause aussi de la présence de vides plutôt que de pleins selon le principe cher à Giono de la narration lacunaire et en focalisation interne. [...]
[...] Interprétations Première interprétation - Il se suicide car tous les divertissements ont été épuisés - Il s'offre le divertissement suprême : il choisit de perdre la tête au sens propre du terme - Il quitte le petit monde auquel il n'a jamais pue s'adapter pour rejoindre le cosmos - Mort par le haut : évasion - Mort mystique et métaphysique Seconde interprétation - Langlois se rend compte que ce qui le charme et l'envoûte le plus est la passion cruelle - Il est sur le point de passer à l'acte du meurtre non justifié - Plutôt que de céder à sa pulsion cruelle, il retourne cet instinct cruel contre lui afin de protéger les villageois de lui-même Pensée pascalienne - Le narrateur nous invite à mettre en doute les pensées de Blaise Pascales - Pascale donne au divertissement un sens très fort : tout ce qui nous détourne de l'ennui de la condition humaine marquée par la misère, la tristesse et la Mort envie qui doit le pousser à adorer Dieu - Giono n'imagine aucun au-delà. Il donne au divertissement le sens d'amusement. [...]
[...] Nous étudierons la composition originale de cet épisode romanesque, puis son aspect lacunaire, enfin l'apothéose d'un héros tragique et métaphysique. Composition originale de cet épisode romanesque Le premier récit Avec un peu de malice, Giono se divertie à faire raconter les instants précédent le drame par un personnage comique qui n'y comprend rien - Récit fait aux narrateurs villageois de 1916 Coloration burlesque du passage - Tient à un récit subjectif - Déformation de mots et d'expressions : j'y ai a eu saigné L3, l'est plumée L17 Comique de situation mélangé à un comique de caractère - Obstination à plumer l'oie pensant que Langlois veut la manger : reprise du verbe plumer - Série d'allers et venues indiquant l'incompréhension et l'obstination du personnage - Dialogue de sourds : deux surdités s'opposent Epilogue Pourquoi Giono décide t il de changer de narrateur ? [...]
[...] Giono comme le Diderot de Jaques le Fataliste en 1765 se divertie littérairement à déconcerter et intriguer jusqu'au bout le lecteur en préservant l'énigme Langlois. Cependant on retrouve dans l'épilogue la thématique centrale du roman : la quête de bonheur et de sens par le divertissement, le divertissement privilégié de la contemplation fascinée et esthétique du sang sur la neige qui éveille l'instinct cruel qui en tout homme, tel ici Langlois, combat et parfois surmonte sa conscience morale. Ainsi, par cet épilogue Giono avec cette première chronique de 1946 s'inscrit dans la lignée non des écrivains régionalistes, ni des écrivains réalistes, ni des écrivains engagés (il pose plus de questions qu'il n'en résous et n'impose aucune vérité) mais dans celle des romanciers qui à travers la représentation d'âmes fortes et complexes sont tournés vers l'exploration de la condition humaine et de ses liens avec le destin, le Mal, le non sens, comme André Malraux dans La Condition humaine en 1933, Julien Green dans Adrienne Mesurat ou Léviathan et Georges Bernanos dans Sous le soleil de Satan. [...]
[...] Giono, Un roi sans divertissement : LA4 La mort de Langlois Dans la chronique romanesque intitulée Un roi sans divertissement et rapidement écrite par Jean Giono en 1946, le lecteur passe d'un premier récit quasiment policier de meurtres mystérieux commis par M. V dans la montagne de Haute Provence aux deuxième et troisième récits centrés sur la tentation de devenir M. V pour le héros Langlois ; le troisième récit dans une série de séquences de longueur irrégulière met l'accent sur la misère grandissante de ce roi en quête de divertissement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture