Commentaire composé sur un extrait du roman Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach. Cet extrait est l'excipit de l'oeuvre. La problématique en est : L'ultime sacrifice, une fin surprenante.
[...] Ce désir est subit par Hugues comme une possession diabolique, c'est une sorte de mécanisme infernal qui malgré ses bonnes résolutions, le fait revenir vers Jane machinalement (p.70). Sur la hantise de la Chevelure, Rodenbach greffe le motif du double. Jane ignore qu'à travers elle, il en aime une autre. Le parcours qu'il effectue alors quotidiennement, du quai du Rosaire à chez Jane change ses habitudes de veuf et sa vision de Bruges. La ville cependant garde son statut de ville morte, momentanément abandonnée par Hugues. [...]
[...] On est alors ici en présence d'une scène plutôt teintée de spiritualité et qui ne présage en rien la suite. Ceci est à corréler avec l'incipit du roman, où l'on retrouve un Hugues dans son monde, un monde morne et triste où il vit dans la plus complète solitude, détaché de tout hormis de la défunte. Dans l'excipit, Hugues est dépeint comme un homme qui ne comprend plus et qui ne sait plus rien : il regardait sans comprendre, sans plus savoir L'évènement qui vient de se dérouler sous ses yeux, le choc qu'il vient de vivre le ramène proche d'un état d'abattement dont il a déjà dû faire face lors de la mort de sa femme. [...]
[...] D'entrée de jeu, dans le roman, la relation qui unit Jane à Hugues se présente implicitement sous le signe d'un mécanisme ambigu : non l'amour mais le désir. A peine Hugues la voit-il qu'il se sent attiré et effrayé, aux prises à un grand trouble. A la fin du roman, la fièvre du désir l'aura conduit au meurtre. On peut supposer que ce désir est en réalité un désir d'analogie et que s'il conduit Hugues au meurtre, c'est parce que Jane profane l'analogie, l'image de la Morte. [...]
[...] On se rend compte que cette Chevelure, avec toute la symbolique qu'elle comporte, s'érige tout au long du récit en un fil conducteur auquel Hugues se rattache jusqu'à ce que Jane la profane. Lorsqu'elle va jusqu'à toucher aux cheveux de sa femme, précieuse relique que Hugues conservait dans un coffret de verre, et à se moquer de lui, il la tue, revenant ainsi à la situation initiale du veuf et de son deuil insurmonté. On comprend finalement que cette Chevelure, d'ailleurs personnifiée à diverses reprises, est empreinte d'un Mystère qu'il fallait deviner. [...]
[...] Il est d'ailleurs comparé à un prêtre qui manie l'ostensoir et les calices, de la même manière qu'Hugues tremble en touchant ses objets de souvenirs. Elle accompagne également sa servante Barbe, qui parle dès la p.57 du Béguinage et elle accompagne aussi Jane qui demande dès la p.237 à assister à la procession, même si c'est un moyen détourné de rentrer dans la maison d'Hugues par cupidité. Les personnages sont un peu liés en quelque sorte par ce même thème de la religion, mais l'évolution de leurs relations aboutira à une fin plutôt non religieuse. [...]
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