Moravagine, Blaise Cendrars, rire, occurrences du rire, Russie, traversée de l'Atlantique, indiens bleus, île de sainte marguerite, sourire
Moravagine de Cendrars est un roman qui relate l'aventure de Raymond. Il y a tout d'abord sa rencontre avec Moravagine qui marque la rupture et le début de l'aventure, puis le voyage. À deux ils parcourent presque le monde entier, la Russie, l'Europe, l'Amérique. Durant ce périple, ils passent par des états d'exaltation, de fatigue, de folie, de maladie ; toutes ces épreuves sont dures, surtout pour Raymond. Tout au long du roman on remarque la présence du rire.
[...] 3-Les indiens bleus Moravagine et Raymond ont rencontré Lathuille dans le Wyoming. Il est rapidement devenu leur homme à tout faire, les menant, les guidant. Un jour il leur dit explique pourquoi il les a rencontré Raymond est bouleversé, Moravagine éclate de rire et voit dans cette trahison avortée une plaisanterie. Il riait, riait, il se tordait au point de tomber à la renverse avec son siège à bascule C'est un rire violent, une secousse qui parait incontrôlable, à la fois proche du fou rire et du rire inarrêtable d'un enfant. [...]
[...] C'est un rire lié à la fatigue, au trouble de l'identité, la folie. Ensuite, lorsque Raymond apprend que Mascha est tombée enceinte de Moravagine, il est prêt à la tuer. Il fait part de son indignation à Moravagnie qui lui se met à rire ; lui disant alors que ça ne faisait que commencer. C'est le rire diabolique, celui du fou destructeur ; aussi de celui qui a un plan et qui jouit intérieurement de l'idée qu'il va bientôt se réaliser. [...]
[...] L'animalité de cet orang outang est masquée par un comportement humanisé, il est l'être le plus élégant du bord il porte des beaux pantalons, de belles chemises, des gants, des chaussures, fume des cigarettes, lit les journaux et feuillette distraitement des revues illustrées et fait la sieste Pour le lecteur qui vient d'assister à l'épisode de Russie, l'orang-outang amène un vent d'humanité. L'aspect comique vient du fait que ce soit précisément un non humain qui puisse faire office de symbole de la civilisation. Et le fait qu'il porte un nom renforce cette humanisation. Cendrars brise ensuite cette figure, à l'heure du thé, plus personne ne peut retenir Olympio, c'est son heure de gourmandise et de rigolade. Ce sont des rires généralisés qui émergent, des applaudissements, des cris. Le public n'est pas insensible aux ébats d'Olympio. [...]
[...] Le rire de Moravagine participe à sa transformation, à sa désaliénation. Moravagine est un roman qui montre le rire et la folie mais qui ne fait pas forcément rire. Il s'agirait plutôt ici de sourire, beaucoup de passages sont grotesques, incongrus. La description du docteur Stein : son régime strict, la gymnastique suédoise, son avidité pour l'argent en fait un personnage presque caricatural. Le détail comique : il avait des poils sur le dos des doigts participe de cette idée. [...]
[...] Le rire de Moravagine est communicatif, et inévitablement sa vision de la vie est communiquée ; ils sont imbriqués. C'est une vérité qui déclenche le rire de Moravagine. La vision d'un monde absurde, d'un système de pensée basé sur l'ordonnancement, la classification, quel ordre ? que cherchez-vous ? pour lui toute activité de l'esprit semble vaine, et il ne reste plus que l'action, celle qui obéit à un million de mobiles différents. Le rire est une forme d'action qui ne se réfléchit pas, un réflexe, une secousse provoquée par un évènement particulier. [...]
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