Structure : L'auteur cherche à émouvoir (registre pathétique), et pour cela il choisit de briser la versification en lui donnant la tournure d'un récit. Tout le texte est constitué d'une seule phrase, introduite par deux subordonnées circonstancielles de temps (« tandis que »). Le sujet se trouve au vers 9 : « Il est un Dieu » : après un long constat sur la situation de guerre (1e et 2e quatrains) Rimbaud présente, dans une violente critique, l'attitude de Dieu vis-à-vis de ses fidèles (...)
[...] Une chute avec point d'exclamation présente le point culminant de la critique. Comme dans Le Dormeur du val, Rimbaud maîtrise ici admirablement l'art de la progression. Une règle du sonnet consiste à ménager un effet d'attente jusqu'au dernier vers, lequel doit prendre l'allure d'une conclusion suggestive ou inattendue, résumant l'idée du poème. C'est ce qu'on appelle la chute Le poème s'achève donc sur une forte image : l'offrande de la mère pour le salut de son fils, geste de soumission et de supplication vers un dieu insensible et vénal. [...]
[...] Rimbaud veut choquer le lecteur en lui montrant l'insensibilité de ceux qui sont censés guider le destin des hommes. La douleur des mères, pauvres vieux bonnet noir qui souffrent et se sacrifient pleurant un gros sou lié dans leur mouchoir est dépeinte en des termes pitoyables faisant appel au sens de la vue. Conclusion : Cet émouvant poème fait sans doute référence au conflit franco- prussien de 1870, mais le titre, elliptique, suggère qu'il dénonce en général toute forme de guerre. [...]
[...] - la guerre : mitraille Roi bataillons cent milliers d'hommes fumant (v.6). - la religion et la richesse : saintement Dieu autels (v.10), encens (v.10), calices d'or (v.10), hosannah (v.11). - l'horreur : crachats raille folie épouvantable et broie tas fumant morts rit (v.9). - la misère : angoisse (v.13), pleurant et vieux bonnet mouchoir (v.14). Principales figures de style : Personnification de la guerre (v.5) Hyperboles (v.4, v.6) font de la guerre une chose difficile à comprendre, à maîtriser, à évaluer. Au contraire les humains sont chosifiés. [...]
[...] Arguments : Les couleurs du début séparent le monde en deux : le bien et le mal, le paradis et l'enfer, l'homme et la nature. Le rouge v.1 et 3 connote le sang versé, le vert des uniformes v.3 réduit les hommes à n'être que les jouets du roi (des soldats de plomb en quelque sorte), tandis que le bleu du ciel v.2 connote l'aspiration à l'idéal et l'élévation. Les horreurs de la guerre, dans laquelle les hommes sont détruits comme s'il ne s'agissait que d'objets, sont présentées grâce à des métaphores et des hyperboles crachats rouges de la mitraille : allitération en pour faire entendre le bruit des armes à feu, en masse dans le feu un tas fumant : déshumanisation et retour à la nature). [...]
[...] Versification : Sonnet en alexandrins. Mais les rimes, au lieu d'être embrassées dans les quatrains, sont croisées. De plus, les rimes des tercets ne respectent pas non plus le schéma habituel du sonnet : rimes embrassées puis suivies, c'est-à-dire la disposition inverse par rapport à la disposition classique. Ce bouleversement du schéma rimique traduit la colère et l'indignation de l'auteur. Contre-rejet aux vers 8 et 12, l'un pour une apostrophe, l'autre pour introduire une seconde idée. De nombreux enjambements que l'on peut expliquer par la structure. [...]
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