Arthur Rimbaud, né en 1854 et mort en 1891, est un poète symboliste français qui a écrit tous ses poèmes entre 16 et 21 ans. Très tôt, il affirme sa révolte dans des poèmes comme Le Dormeur du Val tiré de son recueil Poésies. Sa liaison orageuse avec Verlaine a été déterminante pour sa vie et pour son oeuvre. Dans la lettre étudiée ici, il fait part à son ami Paul Demeny de ce qu'il doit accomplir pour devenir un poète. Nous pouvons nous demander vers quel inconnu Rimbaud veut projeter le lecteur et lui-même. Nous verrons dans une première partie que sa lettre a valeur de manifeste puis qu'il y fait part de son total engagement.
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Rimbaud expose ici un programme pour ceux qui veulent être poètes. Pour le devenir, il faut travailler sa personnalité. On ne peut pas être poète si on ne rentre pas en soi-même pour se connaître. Le champ lexical de l'analyse souligne l'acquisition de cette connaissance : "cherche", "inspecte", "tente" et "apprend" (l.2) "cultiver" (l.3). Ce travail d'étude différencie celui qui le fait des "égoïstes" (l.4) qui "se proclament auteurs" en s'attribuant le progrès des autres. La ligne 8 met en relief l'idée centrale "il faut être voyant, se faire voyant". Le passage du verbe d'état au verbe d'action faire, mis à la forme pronominale avec le pronom réfléchi "se", exprime l'idée qu'il faut agir sur soi pour devenir un vrai poète. La triple répétition de l'adjectif "voyant" (l.8 et 9) écrit en italique, insiste sur la nécessité de la clairvoyance. Pour être poète, il faut travailler sa personnalité. Il reprend une idée déjà ancienne émise notamment par le philosophe Socrate qui conseillait "connais-toi toi-même" et par le philosophe des Lumières Voltaire qui clôt son conte philosophique Candide par l'aphorisme "il faut cultiver notre jardin". Ce verbe est d'ailleurs répété trois fois (l. 3,6 et 14) (...)
[...] Ce travail d'étude différencie celui qui le fait des égoïstes (l.4) qui se proclament auteurs» en s'attribuant le progrès des autres. La ligne 8 met en relief l'idée centrale il faut être voyant, se faire voyant Le passage du verbe d'état au verbe d'action faire, mis à la forme pronominale avec le pronom réfléchi se exprime l'idée qu'il faut agir sur soi pour devenir un vrai poète. La triple répétition de l'adjectif voyant (l.8 et écrit en italique, insiste sur la nécessité de la clairvoyance. Pour être poète, il faut travailler sa personnalité. [...]
[...] Cette lutte est rendue par des oppositions lexicales : le poète s'oppose aux égoïstes, le bondissement (l.16) à l'affaissement de la dernière ligne, la foi à la force surhumaine (l.12). La gradation ternaire amour souffrance folie sentiment repris allégoriquement par le mot poisons (l.11), montre qu'il faut aller de plus en plus loin dans l'aliénation mentale. La triple répétition de l'adjectif épithète grand (l.13) puis son remplacement par l'adjectif hyperbolique suprême (l.13) insiste sur un état d'oubli de soi qui atteint son paroxysme (sommet). Les trois termes dépréciatifs malade criminel et maudit (l.13) mettent en relief l'ampleur du sacrifice. [...]
[...] Le style hyperbolique de l'auteur se caractérise par l'accumulation des verbes chercher, inspecter, tenter et apprendre la répétition du déterminant indéfini de globalisation tout «tous (l.9,11,13), toutes (l.10), toute (l.12), des hyperboles à préfixe privatif «inouïes et innombrables (l.17) et de termes présentés par groupe de trois : long, immense et raisonné (l.9) , d'amour, de souffrance, de folie (l.10) et le grand malade, le grand criminel, le grand maudit (l.13). Tous ces procédés sont rassemblés pour rendre compte de la démesure à laquelle Rimbaud appelle ceux qui veulent être poètes. En expliquant comment devenir poète, il l'est. Il prône la démesure par la démesure de son propos.C'est un véritable manifeste, engagé, passionné. La lettre elle- même est l'expression d'un art poétique. [...]
[...] Sa liaison orageuse avec Verlaine a été déterminante pour sa vie et pour son œuvre. Dans la lettre étudiée ici, il fait part à son ami Paul Demeny de ce qu'il doit accomplir pour devenir un poète. Nous pouvons nous demander vers quel inconnu Rimbaud veut projeter le lecteur et lui-même. Nous verrons dans une première partie que sa lettre a valeur de manifeste puis qu'il y fait part de son total engagement. Cette lettre a valeur de manifeste Un travail d'analyse Rimbaud expose ici un programme pour ceux qui veulent être poètes. [...]
[...] II) L'engagement de Rimbaud Un ton emphatique L'auteur, par son ton provocateur, se montre à la fois offensif et engagé. Il veut susciter l'accord de son destinataire, son approbation, et lui faire prendre conscience du grand combat auquel le futur poète doit se livrer. L'autorité de l'auteur s'impose par le choix d'un registre didactique qui s'appuie sur le présent de vérité générale sait (l.2) semble s'accomplit (l.3) ; les auxiliaires modaux veut (l.1) et doit (l.3) ; le verbe impersonnel il faut (l.8) dont le discours injonctif traduit une obligation et enfin, après de nombreuses occurrences du pronom personnel il dans le premier paragraphe, l'emploi du pronom personnel je dans la phrase centrale qui constitue un paragraphe à elle toute seule. [...]
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