Comment ne pas être sensible à cette voix singulière qui s'affirme dans ce premier texte poétique, la voix de ce poète que la jeunesse rapproche de ces enfants orphelins dont il s'agit dans ce long poème ? Les Étrennes des orphelins est le premier texte rimbaldien en vers français, long poème en alexandrins, à la tonalité mélodramatique évoquant Victor Hugo.
C'est un texte essentiel qui nous est donné à lire puisque inaugural de la création de Rimbaud ; les exercices scolaires en latin ou en grec sont abandonnés. C'est aussi le poème liminaire de toutes les éditions de son oeuvre tout entière (...)
[...] Figure idéalisée, peut-être sans grande originalité. Ce 2ème rêve permet de nous ramener à la terrible réalité qu'expriment les trois vers suivants, comme si, après le rêve et surtout quand il est doux et agréable, le réveil n'apportait que désillusion. Ce n'est là qu'un avant-goût de ce que sera le réveil final, sordidement mortifère. La troisième occurrence se fait au vers 44. Mais la construction est plus complexe : en effet, le rêve se situe à l'intérieur d'un souvenir riant lui-même évoqué et que les enfants font eux-mêmes venir en leur pensée Ce serait donc un rêve éveillé qui lui-même rappellerait le rêve qu'avaient fait les enfants la veille d'un jour d'étrennes au temps encore heureux. [...]
[...] L'or quant à lui, peut être connoté positivement Dans quelque songe étrange . Bonbons habillés d'or ou négativement Ayant trois mots gravés en or Seul le bleu des yeux des deux enfants et les reflets vermeils, sortis du grand foyer apportent une chaude coloration à ce décor réaliste empreint de désolation. Cette utilisation des adjectifs de couleur, tantôt de manière positive, tantôt de manière négative participe pleinement de l'utilisation de l'antithèse comme figure suprême du poème. Celui-ci, en effet, se fonde sur l'opposition permanente de couples antinomiques tels que bonheur/malheur ; froidure/chaleur ; solitude/bonheur familial. [...]
[...] D'abord il est fruit du merveilleux. En nommant L'Ange des berceaux repris par une fée a passé dans cela ! le poète installe le merveilleux sans y croire vraiment. La modalisation on dirait et le point d'exclamation en fin de vers tendent à considérer le rêve avec réserve. La description de ce rêve apporté par la fée est laudative tout au long des dix vers concernés. Il est ambivalent aussi par le fait que les enfants rêvent de leur réveil Doux geste du réveil En effet, c'est la vision rêvée du réveil qu'auraient les enfants qui nous est proposée. [...]
[...] Bien que l'on puisse noter une progression dans la narration, c'est à dire une évolution entre la strophe I et la strophe et si, comme nous le signalons plus haut, l'agencement des strophes vise à l'ultime révélation, à l'intérieur des strophes même se créent des heurts, des ruptures temporelles, ou des pauses dans le récit, signalées typographiquement au lecteur par un tiret. Ainsi, l'opposition maîtresse du poème est celle de l'alternance [présent/passé] qui se couple à une opposition [Malheur/Bonheur]. Ce ne sont pas là les seules oppositions contenues dans le poème. Nous verrons plus loin combien ce long texte explore plusieurs isotopies (celle de la tristesse, de la solitude, du froid) s'opposant à celles de la joie familiale, de la chaude présence de la mère. [...]
[...] L'adverbe tristement en effet fait écho au triste et doux chuchotement du tout début du poème. La boucle narrative se referme. Les quatre premiers vers de cette strophe finale inscrivent le registre pathétique dont les enfants sont l'objet. ils pleurent en dormant leurs yeux sont gonflés et leur souffle est pénible Une parenthèse dans le temps se fait à l'aide de l'inclusion du rêve sur lequel nous reviendrons. C'est la toute fin de la strophe V qui clôt et l'histoire et le passage au présent, avec le retour définitif de la réalité. [...]
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