Adieu constitue un épilogue d'une Saison en Enfer en deux parties contrastées : à un constat d'échec succède l'espoir de repartir vers une aurore. Plus que cela, le poème clos la période du voyant qu'il qualifie lui-même de "traversée de l'Enfer". Ici, Rimbaud fait un adieu à la poésie, à sa poésie : à l'Alchimie du verbe.
"L'automne déjà !", la saison du dépérissement, de l'infini découragement. "Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine" : l'immortalité dissoute par l'automne ne serait qu'un chemin vers cette vérité pure tant convoitée. Aussi, l'automne est le passage du poète sans lumière, d'un monde à l'autre. Rimbaud ajoute qu'il faut découvrir cette "clarté divine...loin des gens qui meurent sur les saisons" : il souhaite toujours "aller en avant". De même, il précise plus loin qu'il "redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !" : toujours cette insistance sur le mouvement et le mouvant.
Un paysage se déroule : "L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le pont de la misère". La poésie nous porte sur un flot de mot, un courant d'eau qui mène le poète au "pont", le lieu où les deux rives se lient, les deux temps ou les deux saisons s'unissent. "La cité [est] énorme, au ciel taché de feu et de boue", comme une empreinte de la vie qui est au dessus : en effet, ce voyage est véritablement une chute, le voyage vers un gouffre. Ce qui reste du monde réel que tout un chacun perçoit, c'est le "ciel". Si l'endroit est "énorme", il est aussi peuplé de "misère", de "haillons pourris, [de] pain trempé de pluie, [d']ivresse, [de] mille amours qui [l']ont crucifié !" : son Enfer est bien réel (...)
[...] dure chute, qui lui a valu le sang séché [qui] fume sur face, et [il n'a] rien derrière que cet horrible arbrisseau : son visage brûle avec cette nouvelle lumière, ce nouvel éclat qui aveugle le voyant et qui laisse derrière lui cet arbrisseau mort, qui était alors son seul voyage. Rimbaud s'appauvrit. Rimbaud est démunit alors que son aurore pointe Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrons aux splendides villes et qu'il est temps d'un matin nouveau. Il s'apprête à renaître, à sortir de son gouffre, à être accouché par ce monde du dessous, rejeté et malmené dans l'antre même de la terre. [...]
[...] Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée ! Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à éteindre ! Quel adieu ! Il nie son travail, son expérience véritable du Voyant. A-t-il échoué ? Sa réalité est-elle véritablement rugueuse ? On remarquera pourtant cette confusion constante dans l'espace : son voyage a été celui qui descend en Enfer, le voyage de celui qui chute. [...]
[...] Peut-on aller jusqu'à dire que la vie réelle, sur terre, n'est que destruction, mal vision et mensonge ? Pourtant, ces splendides villes c'est sa signature à la modernité, son hymne à la science. Il croit en l'homme et au progrès. Alors sur terre, il lui sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps : il va lui falloir trouver ce nouveau lien entre l'expérience sensible et le langage poétique. Il ne renonce pas à la vérité. Voilà le vrai message de son Adieu. [...]
[...] Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrons aux splendides villes. Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et dans un corps. Adieu à la poésie et à l'alchimie du verbe Adieu constitue un épilogue d'une Saison en Enfer en deux parties contrastées : à un constat d'échec succède l'espoir de repartir vers une aurore. [...]
[...] Un paysage se déroule : L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le pont de la misère La poésie nous porte sur un flot de mot, un courant d'eau qui mène le poète au pont le lieu où les deux rives se lient, les deux temps ou les deux saisons s'unissent. La cité [est] énorme, au ciel taché de feu et de boue comme une empreinte de la vie qui est au dessus : en effet, ce voyage est véritablement une chute, le voyage vers un gouffre. [...]
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