Les deux sections du poème constituent un chant enthousiaste et solennel célébrant la fenêtre. On peut, par exemple, relever :
- la présence des deux "ô" vocatifs qui constituent à la fois un appel et un cri d'admiration (v. 7 et 13) ;
- l'apostrophe mise en évidence en début de phrase et reprise par le pronom "toi" (v. 13) ;
- le choix de mots et d'images exclusivement mélioratives ;
- le rythme allègre donné par les nombreux enjambements, les imparisyllabiques et l'alternance de vers longs et courts (...)
[...] On notera en particulier : - le champ lexical de la rationalisation géométrique avec, notamment, les deux mots clés circonscris et encadrée et 7). La fenêtre restructure l'espace en le réduisant ; - la métaphore mesure d'attente (v. 13) : la fenêtre ordonne et immobilise aussi le temps en rendant éternelle la femme aimée (v. 8). L'abolition du destin Dès lors est abolie l'irrationalité de la vie soumise au hasard et à la nécessité. Grâce à la fenêtre, tout est désormais encadré (y. [...]
[...] et la fenêtre se présente comme un échantillon d'une liberté menacée par le sort (y. 21-22). III. QUAND LA FENÊTRE DEVIENT TABLEAU . La chambre noire intérieure Tout se passe donc comme si l'espace-temps immense et naturellement déstructuré se transformait au contact d'une lentille nommée fenêtre et se recomposait dans ce que Proust appelait sa chambre noire intérieure le microcosme recréant le macrocosme. Les deux premiers quatrains sont à cet égard très révélateurs : Rilke y file, en creux, la métaphore du tableau et du peintre qui immortalise par l'œuvre d'art sa bien-aimée. [...]
[...] Elle permet une prise (voir Rilke, y. 23) de l'essence des choses. La prise de vue devient prise de vie. Symbole de la création poétique, et plus généralement artistique, elle permet au créateur de réinventer le monde en se l'appropriant Connaître, c'est connaître écrivait Claudel). Par un tel acte, la fenêtre devient tableau, créant chez l'artiste (et le destinataire un sentiment de plénitude et d'allégresse perceptible dans les deux passages (choix des mots, construction des phrases). [...]
[...] LES POUVOIRS DE LA FENÊTRE La prise du monde Tout converge vers le mot prise (y. 23) qui reprend et condense en un substantif le vers 12. Rilke joue ici sur tous les sens de ce mot. La fenêtre permet d'immobiliser, de saisir, de s'approprier les beautés de ce monde et tout particulièrement la femme aimée et plus généralement de l'être», encadré comme pourrait l'être un portrait réalisé par un peintre ou un photographe (quatrains 2 et ; notre figure (y. apparaissant en surimpression dans une vision kaléidoscopique changeante comme la mer (v. 18). [...]
[...] Rilke, La fenêtre Poèmes français Dans ces deux sections du poème La fenêtre écrit en 1925, Rilke s'empare après tant d'autres artistes (Balzac, Baudelaire, Flaubert, Proust) de cet objet mythique dont il fait un vibrant éloge tant ses pouvoirs sont magiques. Et c'est précisément cette métamorphose de la fenêtre qu'il nous donne ici à voir dans une allégorie magnifiant les pouvoirs de l'artiste démiurge. I. L'ELOGE DE LA FENÊTRE De l'invocation à l'hymne Les deux sections du poème constituent un chant enthousiaste et solennel célébrant la fenêtre. [...]
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