Commentaire composé du poème de Raymond Queneau, intitulé Un rhume qui n'en finit pas, du recueil de poèmes Battre la campagne.
[...] Nul retour litanique, nulle musicalité envoûtante, le poème se construit au contraire sur des temps et des contretemps perpétuels. Si Queneau fait croire à une régularité formelle, c'est pour mieux la déconstruire, la décaler, la miner. C. Une langue atypique Le choix d'une langue poétique non académique dit aussi cette volonté de parodier l'emphase de la parole poétique traditionnelle. Certes Queneau emploie quelques grands concepts récurrents dans la poésie métaphysique et cosmique monde, fond des choses mais il les associe à des termes prosaïques, qui relèvent d'un langage sinon familier, du moins simple et courant. [...]
[...] Rendre prosaïque la réflexion métaphysique Il est indéniable que Queneau dans Un rhume qui n'en finit pas s'inscrit dans un héritage poétique : celui de la poésie métaphysique, qui interroge le monde et son cours. Tout d'abord, l'abondance de verbes de pensée dit cette volonté de réfléchir sur le cours des événements : examine (v. connaît (v. croit (v. autant de verbes qui montrent que le poète entend faire de ses vers le lieu d'une méditation métaphysique sur l'essence, l'origine et le principe des choses. [...]
[...] Raymond Queneau, Un rhume qui n'en finit pas Battre la campagne Texte étudié : Quand on examine le vaste monde ses beautés ses tristesses et ses aléas on se demande on se demande à quoi rime tout cela mais qui mais donc tousse là? le jour se transforme en nuit le bas se retrouve en haut un autobus croque un fruit un pigeon roucoule miaô mais qui mais donc tousse là-haut? on ne connaît jamais le fond des choses et l'on ne s'y résigne pas on croit à la métempsycose ou bien l'on n'y croit pas mais qui mais qui donc tousse là-bas? [...]
[...] Dans le poème versifié Un rhume qui n'en finit pas tiré du recueil Battre la campagne, paru en 1968, Queneau use d'une forme assez classique (quatre quatrains en rimes croisées se succèdent, séparés par un vers- refrain) pour amorcer une réflexion sérieuse sur le cours du monde. Dans la tradition de la grande poésie métaphysique, l'auteur s'interroge sur la présence d'un principe organisateur qui donnerait un sens au cours du monde. Cependant, Queneau n'entend pas imiter ses sérieux aînés : au contraire, cette réflexion métaphysique est l'occasion d'une parodie sur l'emphase et la gravité de la parole poétique. [...]
[...] La question posée par Queneau est bien celle de Dieu qui donc tousse là-haut interroge-t-il ? Cependant, il ne faudrait pas faire du poème de Queneau un poème sérieux : en effet, l'auteur travaille à miner la gravité de la réflexion par touches successives. Le vers refrain mais qui ruais qui donc tousse là-haut , v 20) exhibe ce désir de tourner en dérision le ton sérieux. La répétition enfantine, voire puérile, de la structure mais qui ainsi que l'usage du verbe prosaïque tousse[r] pour désigner le gouvernement du monde, qui s'oppose à des termes abstraits métempsychose, sophismes donne au poème un ton badin et railleur. [...]
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