L'un est méticuleux à l'extrême : Jean. La didascalie indique "jean est très soigneusement vêtu : costume marron, cravate rouge, faux col amidonné, chapeau marron...il a des chaussures jaunes bien cirées". Le dialogue nous apprend qu'il a un peigne, une glace, une cravate supplémentaire dans ses poches mais pas de brosse car elle les déformerait.
L'autre, Bérenger, est négligent : il a perdu sa cravate sans s'en apercevoir "qu'est ce que j'ai bien pu en faire ?", il n'es pas coiffé "vous êtes tout décoiffé", puis se coiffe "vaguement", après avoir essayé en vain de le faire en passant ses doigts "dans ses cheveux". Il n'est pas rasé "vous ne vous êtes pas rasé", ses vêtements sont chiffonnés et d'une "saleté repoussante". Il "pue l'alcool" donc il ne pense pas à sa santé "la cirrhose vous menace" (...)
[...] Mais elle a aussi une fonction politique car elle veut montrer que le contexte violent est là, et rappeler que chacun doit être vigilant et que la rébellion peut être un devoir. Les détails vestimentaires, de comportement sont donc bien signifiants : l'homme non rasé refuse implicitement la soumission à l'ordre. Le théâtre a rempli sa mission : donner à voir en distrayant et nous faire réfléchir. Même si ce théâtre n'est pas traditionnel, il rappelle Molière avec ses comédies classiques de 17e siècle. [...]
[...] L'absurde Ionesco est le maître du théâtre de l'absurde. Ici les mots gardent un sens, mais ils créent un dialogue déconcertant dont on ne voit pas nettement l'issue, si ce n'est le début d'une déshumanisation. Le dialogue amical se limite à des considérations sur l'apparence et sur l'inégalité entre les deux amis qui s'apparente plus à une hiérarchie qu'à un véritable échange amical. Le comique est donc destiné à distraire mais aussi à déstabiliser d'emblée le lecteur ou le spectateur. [...]
[...] Le comique La scène fait rire le lecteur et plus encore le spectateur par toutes sortes de procédés comiques. Le comique de caractère repose sur l'opposition entre les deux personnages. Le comique de gestes vient des didascalies, exprimées ou internes au texte : la cravate sort de la poche comme par magie, Bérenger noue mal sa cravate, il tire la langue, Jean sort de sa poche (comme un clown) des objets à n'en plus finir : peigne, glace. Bérenger cache ses pieds sous la table. [...]
[...] Le culte de l'apparence, le rejet de l'individualisme évoquent les grandes célébrations collectives des régimes totalitaires. Une fois supprimées les particularités, on pourra manipuler les individus et leur imposer une pensée unique. Bérenger le résistant Même si Bérenger parait poli, soumis, c'est dans cette mollesse qu'il trouve une stratégie de refus. Il vit pour ses propres valeurs, se laisse aller à l'alcool quand il le souhaite et ne se soucie pas du regard des autres. Désigné comme marginal, il est d'abord soumis et même admiratif envers son ami. [...]
[...] La métaphore choisie par Ionesco est significative : le Rhinocéros symbolise la bête épaisse qui n'a que sa force, fonce droit devant et détruit tout. Il est l'homme conforme, la société, e celle-ci menace le marginal qui oserait ne pas se plier d'être écrasé. L'individu contre la masse La pièce prend donc un sens poli : par là, Ionesco évoque les totalitarismes qui frappent le monde, et l'Europe en particulier. Roumain d'origine, il a connu les différentes dictatures fascistes d'Europe comme le nazisme, puis le totalitarisme soviétique qui règne en Russie. [...]
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