Littérature, Rhinocéros, acte III, excipit, Eugène Ionesco, rhinocérite, Cantatrice chauve, Bérenger, Daisy
Fils d'un père roumain et d'une mère française, Eugène Ionesco (1912-1994) est un auteur dramatique français d'origine roumaine, pays qu'il quitta en 1938 pour s'exiler en France.
En automne 1957, paraît Rhinocéros, pièce de théâtre en quatre tableaux pour trois actes (le deuxième est divisé en deux tableaux) et en prose. Emblématique du théâtre de l'absurde, dont Ionesco est l'un des plus grands auteurs, au même titre que La Cantatrice chauve, la pièce dépeint une épidémie imaginaire de « rhinocérite », maladie qui effraie tous les habitants d'un paisible village français et les transforme bientôt tous en rhinocéros. Généralement interprétée comme une métaphore de la montée des totalitarismes (nazisme, stalinisme …), de l'endoctrinement et de la fanatisation à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, qui agissent souvent comme une véritable épidémie, cette pièce aborde les thèmes de la conformité et de la résistance.
[...] (Lorsqu'il accroche les tableaux, on s'aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont 40 devenues très belles. Bérenger s'écarte pour contempler les tableaux.) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce sont eux qui sont beaux. J'ai eu tort Oh comme je voudrais être comme eux. [...]
[...] On peut d'autant plus parler de résistance que le champ lexical est celui de la guerre : Ma carabine, ma carabine [ligne je me défendrai [ligne Je ne capitule pas [ligne 63]. Ainsi, Bérenger accède au statut d'anti-héros. Conclusion Ce long monologue met en exergue l'originalité de Bérenger : être beau, c'est être rhinocéros, mais il est contre sa nature de se transformer. Face à lui-même, il est confronté à de nouvelles valeurs, celles de la majorité qu'il ne représente plus. C'est un véritable combat pour l'humanité. [...]
[...] (Il se met du coton dans les oreilles et se parle à lui-même dans la glace.) Il n'y a pas d'autre solution que de les convaincre, les convaincre, de quoi ? Et les mutations sont-elles réversibles ? Hein, sont-elles réversibles ? Ce serait un travail d'Hercule, au-dessus de mes forces. D'abord, pour les convaincre, il faut leur parler. Pour leur parler, il faut que j'apprenne 25 leur langue. Ou qu'ils apprennent la mienne ? Mais quelle langue est- ce que je parle ? [...]
[...] Elle est pourtant le seul recours dont il dispose : Il n'y a pas d'autre solution que de les convaincre [lignes 21-22]. Cependant, c'est irréalisable, car pour les convaincre, il faut leur parler [ligne 24] et les rhinocéros sont dépourvus de langage. La solution qu'il entrevoit est d'apprendre leur langue [ligne 25]. Cherchant à les imiter par des interjections répétées dans l'espoir de leur ressembler [Ahh, ahh, brr , lignes et la parole ne trouve aucun écho face aux barrissements des animaux. Le théâtre de l'absurde prend ici tout son sens. [...]
[...] Rhinocéros, acte III (excipit) Eugène Ionesco T E X T E [ ] BÉRENGER, se regardant toujours dans la glace. Ce n'est tout de même pas si vilain que ça un homme. Et pourtant, je ne suis pas parmi les plus beaux Crois-moi, Daisy (Il se retourne.) Daisy Daisy Où es-tu, Daisy ? Tu ne vas pas faire ça (Il se précipite vers la porte.) Daisy (Arrivé sur le 5 palier, il se penche sur la balustrade.) Daisy remonte reviens, ma petite Daisy Tu n'as même pas déjeuné Daisy, ne me laisse pas tout seul Qu'est-ce que tu m'avais promis Daisy Daisy (Il renonce à l'appeler, fait un geste désespéré et rentre dans sa chambre.) Évidemment. [...]
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