Rhinocéros, acte III, Eugène Ionesco, la lâcheté de Dudard, rhinocérite, épidémie, mort, maladie
Les arguments de Dudard déresponsabilisent les personnages atteints de rhinocérite en évoquant avec insistance une épidémie (Cela peut-être aussi une maladie, ligne 31 ; Il reste l'hypothèse de l'épidémie. C'est comme une grippe. Ça s'est déjà vu des épidémies, lignes 47-48). Même l'hypothèse de la folie est envisagée, dans le cas de Jean (lignes 35 à 39). La métamorphose est alors assimilée à une fatalité vis-à-vis de laquelle l'homme est impuissant. Dans les deux cas, l'homme est victime et de toute façon, ce n'est pas mortel… on en guérit si on veut (lignes 67-68). Il atténue ainsi la gravité de la situation et les conséquences irréversibles du mal.
[...] DUDARD Peut-être aimait-il l'air pur, la campagne, l'espace peut-être avait-il besoin de se détendre. Je ne dis pas ça pour l'excuser 25 BÉRENGER Je vous comprends, enfin j'essaye. Pourtant, même si on m'accusait de ne pas avoir l'esprit sportif ou d'être un petit-bourgeois, figé dans son univers clos, je resterais sur mes positions. DUDARD 30 Nous resterons tous les mêmes, bien sûr. Alors pourquoi vous inquiétez-vous pour quelques cas de rhinocérite ? Cela peut-être aussi une maladie. BÉRENGER Justement, j'ai peur de la contagion. [...]
[...] Juste après la métamorphose de Jean, dans cet extrait du début de l'acte III, Bérenger est chez lui et reçoit la visite de son collègue Dudard. Il s'inquiète de ressentir les mêmes symptômes que Jean décrivait avant de se transformer tandis que Dudard dédramatise le phénomène. La dédramatisation de Dudard Que ce soit sa façon d'aborder le phénomène ou les causes avancées pour le justifier, tout dans le discours de Dudard tend à dédramatiser la transformation des habitants. Un raisonnement déductif Lorsqu'il parle du phénomène, Dudard a un raisonnement qui s'apparente à une logique purement déductive. [...]
[...] Vraiment, vous attachez trop d'importance à la chose. L'exemple de Jean n'est pas symptomatique, n'est pas représentatif, vous avez dit vous-même que Jean était orgueilleux. À mon avis, excusez-moi de dire du mal de votre ami, c'était un excité, un peu sauvage, un excentrique, on ne prend pas en considération les originaux. C'est la moyenne qui compte BÉRENGER Alors cela s'éclaire. Vous voyez, vous ne pouviez pas expliquer le phénomène. Eh bien, voilà, vous venez de me donner une explication plausible. [...]
[...] Il atténue ainsi la gravité de la situation et les conséquences irréversibles du mal. - psychologiques De plus, son analyse aborde le versant psychologique du phénomène. Ainsi, les gens atteints, et notamment Jean, auraient des motivations particulières : Peut-être aimait-il l'air pur, la campagne, l'espace peut-être avait-il besoin de se détendre, lignes 23-24 ; c'était un excité, un peu sauvage, un excentrique, ligne 38). Le phénomène est donc banalisé et à aucun moment Dudard n'en propose une analyse sérieuse. Il en relativise et dédramatise la portée, permettant à Bérenger d'exprimer sa sensibilité et de mettre sa raison au service des hommes. [...]
[...] BÉRENGER Mais si on ne veut vraiment pas, n'est-ce pas, si on ne veut vraiment pas 80 attraper ce mal qui est un mal nerveux, on ne l'attrape pas, on ne l'attrape pas . Voulez-vous un verre de cognac ? [ ] Eugène Ionesco, Rhinocéros, acte III (la lâcheté de Dudard). ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Fils d'un père roumain et d'une mère française, Eugène Ionesco (1912- 1994) est un auteur dramatique français d'origine roumaine, pays qu'il quitta en 1938 pour s'exiler en France. [...]
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