Sur la place d'une petite ville de province, deux amis, Jean et Bérenger, ont rendez-vous. Tous deux s'opposent d'emblée : le premier, péremptoire voire autoritaire, se soucie de son apparence, affirme son sens du devoir, tandis que le second semble fatigué, mal à l'aise dans la routine quotidienne. Jean reproche à Bérenger son triste état, son " ivrognerie " et tente de le ramener sur le chemin de la dignité et de la volonté. Mais leur conversation est interrompue par le passage d'un rhinocéros, à la stupeur générale... (...)
[...] À travers ce personnage, Ionesco exerce certes une caricature mais surtout se livre à une critique plus grave des esprits conformistes, inhumains à force d'être bornés. Le refus de la réalité. Les lignes 19 à 21 constituent la première longue réplique de Jean, dans laquelle il explique les origines de sa " force admirée, semble-t-il, par Bérenger l'égaré. Cette tirade illustre ses capacités de raisonnement progressif et démonstratif, comme en témoignent l'annonce " pour plusieurs raisons suivie de l'exposition successive des " raisons " d'abord " ensuite " aussi aboutissant à la conclusion de la ligne 21. [...]
[...] des locutions verbales j'ai du mal à . " j'ai à peine la force de . des comparaisons comme si . ou comme si . Elle traduit, certes, la faiblesse de Bérenger mais surtout renforce ses douloureuses interrogations face à la complexité, parfois absurde, de l'existence, dont il a confusément conscience. La difficulté à assumer son propre corps, à affermir sa pensée proviennent du sentiment d'étrangeté d'un personnage destiné à subir une vie dont il ne connaît pas la signification. [...]
[...] On aboutit ici à une ineptie, semblable au non-sens énoncé précédemment Donc, logiquement, mon chien serait un chat l. 27). Enfin, cette dernière citation reflète un autre aspect caricatural des deux personnages : leur naïveté, donc leur esprit borné. Cette ingénuité transparaît dans l'affirmation du Vieux Monsieur C'est très beau, la logique : alliant un jugement esthétique à un pur fonctionnement rationnel, elle semble inepte et ridicule mais exprime aussi une critique plus sévère de la part de Ionesco. Cette assertion admirative montre combien le jugement peut être faussé et produire des valeurs erronées chez des êtres crédules qui, ensuite, les propagent à tort et à travers. [...]
[...] On les assène, comme le fait Jean, sans aucun approfondissement, en les plaquant sur une réalité autrement plus complexe (comme en témoignent son ton affirmatif, ses phrases définitives, mais répétitives). L'incapacité à communiquer. L'observation du début des répliques de Jean est ici éclairante : après une interrogation (l.3) demandant de plus amples explications, viennent des exclamations (l.6 à des réfutations (l.30 à 35) qui, nous l'avons vu, traduisent le refus de comprendre l'autre, de prendre au sérieux ses contradictions mêmes. [...]
[...] Jean reproche à Bérenger son triste état, son " ivrognerie " et tente de le ramener sur le chemin de la dignité et de la volonté. Mais leur conversation est interrompue par le passage d'un rhinocéros, à la stupeur générale . Différents personnages ont fait irruption sur Scène ; ils se rassemblent et manifestent leur étonnement : l'épicier et l'épicière, le patron du café, la serveuse, le Vieux Monsieur et le Logicien. L'incident est clos, les deux amis reprennent leur conversation : Jean reproche à nouveau à Bérenger son ivrognerie . [...]
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