Littérature, Rhinocéros, acte II, tableau I, Eugène Ionesco, rhinocérite, déshumanisation
Il suggère un monde quotidien bestial à mettre en relation avec la « rhinocérite ». Les noms des personnages ont déjà anticipé sur cette épidémie qui transforme les hommes en bêtes.
Cet extrait présente ainsi :
- la déshumanisation du monde déjà en marche et dont le signe avant coureur est le rhinocéros qui veut monter;
- un double mouvement inversé : les hommes deviennent bêtes tandis que les bêtes (le rhinocéros) deviennent presque humaines (vouloir monter, ligne 42 ; barrissements angoissés, ligne 46).
[...] En automne 1957 paraît Rhinocéros, pièce de théâtre en quatre tableaux pour trois actes (le deuxième est divisé en deux tableaux) et en prose. Pièce emblématique du théâtre de l'absurde, dont Ionesco est l'un des plus grands auteurs, au même titre que La Cantatrice chauve, la pièce dépeint une épidémie imaginaire de rhinocérite maladie qui effraie tous les habitants d'une ville et les transforme bientôt tous en rhinocéros. Généralement interprétée comme une métaphore de la montée des totalitarismes (nazisme, stalinisme ) à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, cette pièce aborde les thèmes de la conformité et de la résistance. [...]
[...] suspendu dans le vide (lignes 46-47). Des personnages variés et extrêmement mobiles - Leur diversité Malgré un personnage absent suggéré (M. Bœuf n'est pas venu aujourd'hui, ligne les autres sont variés avec : .une inégalité des sexes, rappelant celle du contexte laborieux d'alors hommes/1femme) .des positions hiérarchiques diverses : un chef de service (la feuille de présence, ligne 2 ; je vais le mettre à la porte, ligne 10) et des employés. - Leurs mouvements L'extrait est celui d'une scène rythmée par les gestes et les entrées successives, souvent accompagnées de précisions temporelles qui accélèrent le rythme : .de monsieur Papillon (à son apparition, ligne 2 ; ouvrant et entrant, ligne .des autres personnages (Botard et Dudard se rassoient très vite, ligne 1 ; Mme Bœuf fait son entrée, ligne 13 ; monter le plus vite qu'elle pouvait, ligne 14 ; elle a ouvert brusquement la porte, ligne 15 ; tendant un papier au Chef, ligne 24 ; Bérenger vient lui apporter, ligne 27 ; elle s'écroule, ligne 28 ; montrant du doigt, ligne 41 ; De plus, on relève des précisions hors scène : j'ai été poursuivie par un rhinocéros depuis la maison jusqu'ici (lignes 36-37). [...]
[...] T E X T E Une étrange épidémie s'abat sur une petite ville : les habitants se transforment tous peu à peu en rhinocéros. À l'acte II, les personnages se trouvent au bureau, sur leur lieu de travail. Monsieur Papillon est le chef de service. La porte du cabinet du Chef s'ouvre soudain : Botard et Dudard se rassoient très vite ; le Chef de service a en main la feuille de présence ; à son apparition, le silence s'était fait subitement. MONSIEUR PAPILLON. - M. Bœuf n'est pas venu aujourd'hui ? 5 BÉRENGER, regardant autour de lui. [...]
[...] - un jeu d'écho entre les deux noms très français, Botard et Dudard. Un comique de farce À ce comique de répétition de sonorités vient s'ajouter un comique de farce qui repose sur les effets de : - la symétrie dans la forme des répliques de Botard et Dudard qui font écho au comique de répétition de sonorités des patronymes. On observe deux phrases exclamatives qui riment, toutes deux des semblants d'hexasyllabes, avec rimes intérieures -ler : Vous me faites rigoler (ligne 39)/Laissez-la donc parler (ligne 40) - mais une symétrie inversée dans leurs comportements, totalement opposés et rapportés par les didascalies : l'un s'esclaffant, l'autre s'indignant - répétitions : Bonjour (lignes 17 et 18, deux fois) ; Il a une légère grippe (ligne Ah il a une légère grippe (ligne 23) ; Donnez-moi un verre d'eau (ligne 25 / Donnez-lui un verre d'eau [ligne 29]. [...]
[...] Au- delà encore, la scène consacre l'impuissance de la parole et des mots : Mme Bœuf a du mal à s'exprimer [avec peine, ligne 36] ou n'y arrive que par des sons [haletante, ligne 21] ou des gestes [montrant du doigt, ligne 41]. Elle retourne à un comportement primaire où la parole ne suffit pas : ses phrases sont déstructurées et l'émotion prend le pas sur la raison, soulignée par les nombreux points de suspension et l'hésitation intempestive [C'est que c'est que , ligne 36]. - les répliques qui, dans l'ensemble de la scène, ne se suivent pas logiquement. [...]
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