Après avoir consacré son chapitre VI à l'honnête et à l'utile, dans le chapitre VII, intitulé « Du bien préférable et du plus utile », Aristote se penche plus particulièrement sur l'utilité, en tant qu'elle sera plus ou moins bonne, selon qu'elle sera plus ou moins grande. Ainsi, pour trancher entre deux choses dont l'utilité est reconnue, il faut : « parler du bien plus grand et de ce qui est utile ».
D'une part, un plus grand bien est d'une quantité plus grande que l'autre.
Pour permettre de juger de ce qui est plus grand et donc plus utile, il propose de mettre en relation les deux partis concurrents, pour voir lequel surpasse l'autre. On pourra déterminer le meilleur en comparaison avec le moins bon, selon que l'un contiendra l'autre. Si l'un contient l'autre, c'est donc qu'il a quelque chose en plus, du point de vue de la quantité ou de la qualité. Il est donc préférable à l'autre.
Par conséquent, lorsqu'on délibère, pour juger du bien préférable et du plus utile, il va s'agir de se fixer une base, qu'Aristote nomme « l'unité », un point de comparaison en fonction duquel un parti tendra vers le bon ou le moins bon selon qu'il sera plus grand ou plus petit que l'unité. Il y aura ainsi, celui qui contient et celui qui est contenu. Or, « ce qui est contenu est surpassé ».
[...] Dans ce cas là donc, Aristote introduit le phénomène de réciprocité qui peut poser problème lors de la délibération. Il est donc évident[ ] qu'une chose peut apparaître comme plus grande de l'une et de l'autre manière. [1364 XII]. Il semble donc qu'il soulève ici le débat sur l'importance que l'on accorde à la fin et aux moyens que l'on met en œuvre pour l'atteindre : est-ce la fin qui justifie les moyens, ou les moyens qui justifient la fin ? [...]
[...] Ainsi, ce qui sera déterminé comme un plus grand bien par la science et par le bon sens sera jugé préférable. Les biens plus grands résident dans la facilité et dans la durée : une chose est plus agréable, soit qu'elle coûte moins de peine, soit que le plaisir qu'elle cause dure plus longtemps [1364 XXIII]. Et dans la difficulté et dans la rareté d'une chose, on s'intéressera particulièrement aux circonstances, à l'âge, aux lieux, aux temps, et aux ressources, entendu que cela rendra un bien plus élogieux. [...]
[...] Et il dit qu'un bien plus grand que ces choses faussement rendues plus grandes sera d'autant plus valorisé. Parmi deux choses utiles, on jugera plus grande et donc préférable celle qui répond à un réel besoin et, entre plusieurs besoins, celle qui répond au plus grand ; ou encore, celle qui aboutit à plusieurs fins, car elle satisfait un plus grand nombre d'exigence, et procure donc plus de bien ; ou enfin, celle qui représente un bien précieux, Aristote justifie cela à l'aide de l'exemple : aussi la peine infligée n'est-elle pas de même degré lorsque celui à qui l'on a crevé un œil était borgne, et lorsqu'il avait ses deux yeux. [...]
[...] Celle-ci se suffit mieux qui n'a pas besoin d'une autre, d'où l'on voit qu'elle est un plus grand bien. [1364 XI]. Ensuite, Aristote attribue un bien plus grand à ce qui relève du principe et de la cause, sans lesquels une chose ne peut exister. En effet, entre deux choses, celle reposant sur un principe, ou sur une cause sera plus grande que celle qui ne sera ni l'un ni l'autre. Il fait également la distinction plus profonde entre deux principes et deux causes. [...]
[...] Il y aura ainsi, celui qui contient et celui qui est contenu. Or, ce qui est contenu est surpassé [1363 III]. Ce qui est préférable, entre deux partis, c'est celui qui aura pour conséquence de donner une chose qui en génère une autre. Aristote donne l'exemple de la vie résultant de la santé. Autrement dit, l'un est plus utile que l'autre dans le sens où, l'un est plus profitable que l'autre puisque, dit-il : le profit à tirer de telle conséquence est contenu dans celui du premier résultat [1363 V]. [...]
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