Revue parisienne, Balzac, Correspondance, Stendhal, reproches, critiques, choix stylistiques
En mars 1839, Stendhal publie le roman qui fera sa renommée: La chartreuse de Parme. Jusqu'alors inconnu du grand public, il fait l'objet d'un article critique dans la revue rédigé par Balzac en 1840. Celui-ci, tout en soulignant à quel point il apprécie l'œuvre de ce nouveau venu sur la scène littéraire, explique ce qu'il considère comme les défauts majeurs de cette œuvre. Soulignant les faiblesses de style et la composition bancale et hasardeuse de l'œuvre, il propose diverses modifications à l'auteur du Rouge et le Noir. Le jeune créateur s'empresse de répondre dans une lettre publiée à titre posthume où il défend sa position et explique ses choix de créateur.
Quels reproches Balzac adresse t-il à son contemporain? Et comment ce dernier parvient-il à justifier ses choix stylistiques face à un des maîtres du roman du XIXe ?
[...] Il s'exprime alors ainsi: «Les del Dongo père et fils, les détails sur Milan, tout cela n'est pas le livre: le drame est à Parme». Cette position semble montrer une certaine rigueur dans la composition vantée par Balzac qui se veut un architecte précis. Un troisième point retient l'attention du critique: la «composition» qui se doit d'être harmonieuse et solide. Pour rester dans la métaphore architecturale, il nous faut envisager encore une fois une maison. Pour que la cheminée tienne, il faut des murs et un toit et pour cela il faut des fondations. [...]
[...] Que veut-il dire par là et comment justifie t-il cette position? Tout simplement que le style se doit d'être compliqué. Mais ce qui est plus difficile à établir, c'est en quoi celui-ci se doit de l'être. La suite de la lettre nous laisse présumer plusieurs possibilités de réponses. Dans un premier temps, on ressent chez Stendhal l'importance des autorités, c'est à dire des ouvrages et des auteurs de référence. Il avoue se référer à Homère, à Gouvion Saint-Cyr mais aussi au Code civil lors de la rédaction de ses œuvres. [...]
[...] «Le meilleur style est celui qui se fait oublier» disait Stendhal. Paradoxe? . [...]
[...] Stendhal à l'inverse, qui a également tant laissé à notre patrimoine littéraire, souligne l'importance d'un style complexe qui prenne appui sur des autorités et qui s'étendent tout au long de l'œuvre créant des liens logiques. La composition n'est pas primordiale chez le créateur du Rouge et le Noir qui a une vision beaucoup plus spontanée de l'œuvre et de la littérature en général . Comment se décider pour telle ou telle vision? Il nous est impossible de choisir entre ces deux maîtres. On ne peut que renforcer l'idée que tous deux possédaient un style fabuleux et personnel qui a fait leur postérité. [...]
[...] Il faut comprendre ici, il me semble, que l'inspiration ne peut aller de paire avec une réflexion froide sur la composition purement architecturale de l'œuvre pour Stendhal, ce qui est d'ailleurs une conception assez moderne mais aussi légèrement romantique et surréaliste avec cette angoisse permanente de la panne d'inspiration et de la «page blanche» qui hantait André Breton. L'auteur en vient donc à expliquer sa propre manière de travailler sur une œuvre. Il affirme dicter une trentaine de pages puis tenter de se distraire afin d'oublier tout ce qu'il avait écrit. Ainsi lorsque le lendemain, il relit son chapitre, le suivant lui vient directement. Que sous entend cette information? Plusieurs indications. Tout d'abord, cela sous entend que lorsqu'il commence un livre, Stendhal n'a aucune idée de ce que pourra être la fin. [...]
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