Au soir de sa vie, Rousseau se replonge dans ses souvenirs et entreprend la rédaction d'un nouveau texte autobiographique : Les Rêveries du promeneur solitaire, conçues comme « un-appendice de [ses] Confessions ». Il continue dans cette œuvre de proclamer son innocence et son honnêteté foncières, face aux critiques et attaques injustes dont il a fait l'objet.
Dans la « Quatrième promenade », il revient justement sur l'écriture des Confessions. Tout en soulignant son aversion pour le mensonge, il y explique ce qui a pu l'amener parfois à s'éloigner quelque peu de la vérité dans son autobiographie. Comment cette œuvre autobiographique éclaire-t-elle le portrait de l'autobiographe ?
[...] Par ailleurs, cette sincérité affichée lui permet de mieux mettre en valeur ses qualités qui apparaissent dès lors indéniables. Reconnaître ses vices permet à Rousseau de mieux défendre ses vertus, puisqu'elles sont présentées comme véritables comme le souligne le parallélisme suivant: je n'ai jamais mis le mensonge à la place [de la vérité] pour pallier mes vices ou pour m'arroger des vertus Selon lui, d'ailleurs, le bilan de sa vie est positif, ce que rappelle l'antithèse entre les deux termes généralisant dans l'expression : le bien surpassait le mal Insister sur sa franchise donne bien évidemment du poids à cette affirmation, d'autant plus que l'auteur prétend avoir tendance à s'accuser lui-même Un juge sévère pour attirer un jugement favorable Rousseau soutient que dans ses Confessions les mensonges auxquels il a parfois recouru n'ont jamais été qu'à son désavantage, son caractère l'incitant naturellement à se dénigrer. [...]
[...] Le récit de soi Les Rêveries du promeneur solitaire prolonge l'entreprise autobiographique déjà entamée peint Rousseau avec ses Confessions. Il s'agit là encore pour reprendre la définition de Philippe Lejeune d'un récit rétrospectif en prose qu'une personne dédie fait de sa propre existence Tout le texte est marqué par l'omniprésence de la première personne du singulier, par le biais du pronom personnel sujet comme des déterminants possessifs. Ainsi dès la première phrase, Rousseau déclare : je n'ai jamais mieux senti mon aversion naturelle pour le mensonge Le pronom je renvoie d'ailleurs à deux sujets différents: le je narrant, en train d'écrire son autobiographie et affirmant par exemple je le sens et le je narré, le Rousseau du passé dont il est question tout au long du texte, par exemple dans la phrase j'aimais à m'étendre Dans ce récit rétrospectif, Rousseau revient essentiellement sur l'époque de la rédaction des Confessions et sur la manière dont il a composé ce 'texte, mais évoque aussi succinctement sa vie antérieure, comme le signale le plus-que-parfait quand il se rappelle avoir été dégoûté des vains plaisirs de la vie qu['il avait] tous effleurés et dont [son] cœur avait bien senti le vide Cependant, ce texte autobiographique n'est pas tant le récit d'épisodes concrets et d'anecdotes que l'occasion pour son auteur d'opérer une réflexion sur lui-même Une réflexion sur soi Dans cette page, Rousseau semble dresser une sorte de bilan de ce qu'il a été et de l'écriture des Confessions. [...]
[...] L'auteur semble vouloir coller le plus possible à la vérité et trouver le mot juste pour traduire sa pensée. Il corrige par exemple l'emploi qu'il fait lui-même du terme mensonge: j'ai tort même de l'appeler mensonge». Cependant, cette honnêteté le conduit justement à reconnaître que l'autobiographie ne peut éviter parfois quelques arrangements avec la vérité Cette espèce de mensonge Ces écarts par rapport à la vérité stricto sensu tiennent essentiellement à deux raisons. D'une part, Rousseau évoque les défaillances de la mémoire qui l'ont conduit à faire des suppositions pour reconstruire le passé ou 'imaginer certains détails. [...]
[...] Les Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau : la «Quatrième promenade» Commentaire de texte À la fin de sa vie, Rousseau écrit Les Rêveries du promeneur solitaire. Dans la Quatrième promenade il évoque la rédaction des Confessions. Je n'ai jamais mieux senti mon aversion naturelle pour le mensonge qu'en écrivant mes confessions, car c'est là que les tentations auraient été fréquentes et fortes, pour peu que mon penchant m'eût porté de ce côté. Mais, loin d'avoir rien tu, rien dissimulé qui fût à ma charge, par un tour d'esprit que j'ai peine à m'expliquer et qui vient peut-être l'éloignement pour toute imitation, je me sentais plutôt porté à mentir dans le sens contraire en m'accusant avec trop de sévérité qu'en m'excusant avec trop d'indulgence, et ma conscience m'assure qu'un jour je serai jugé moins sévèrement que je ne me suis jugé moi-même. [...]
[...] Dans la Quatrième promenade il revient justement sur l'écriture des Confessions. Tout en soulignant son aversion pour le mensonge, il y explique ce qui a pu l'amener parfois à s'éloigner quelque peu de la vérité dans son autobiographie. Comment cette œuvre autobiographique éclaire-t-elle le portrait de l'autobiographe? Nous verrons tout d'abord en quoi cet extrait des Rêveries est un texte autobiographique. Nous montrerons ensuite comment, par un effet de mise en abyme, il offre aussi une réflexion sur le genre autobiographique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture