Aloysius Bertrand, issu dune famille pauvre, n'a jamais réussi a échapper a la misère, ni à Dijon ni à Paris où il ne parvient pas a faire éditer son oeuvre unique
[...] Pourtant, la mort peut être rédemptrice et conduire au salut de l'âme et au bonheur éternel que préfigurent les cérémonies d'enterrement de la 4è strophe. Il n'empêche, la peur de la mort est la plus forte pour le narrateur et il préfère, dans son subconscient, rester en vie quite à rester dans le péché et la violence ; même onirique la mort lui est insupportable, it sort donc vivant de ce cauchemar . mais peut-être pour en entamer d'autres d'après la dernière phrase . [...]
[...] Le rêve que raconte le narrateur (que l'on est tenté d'assimiler à l'auteur du fait de l'emploi du pronorn s'avère très vite être un cauchemar car tous les éléments qui le constituent créent une atmosphère de plus en plus effrayante au fil des trois premières strophes. C'est d'abord le cadre spatio-temporel du rêve qui est inquiétant. Trois lieux austères constituent le cadre spatial : "une abbaye" lieu de claustration, "une forêt" lieu plus ou moins hostile à l'homme, et "le Morimont" place des exécutions publiques de Dijon au Moyen-Age donc lieu de mort. Mais ce sont les courtes descriptions de ces lieux qui leur donnent un caractère inquiétant. [...]
[...] Leurs cérémonies d'enterrement sent belles, l'un avec "les honneurs de la Chapelle ardente" ( 1.17 ) l'autre "ensevelie dans sa robe blanche d'innocence" ( 1.18 ) tous les termes valorisent la jeune fille. L'atmosphère est aussi sécurisante parce que la lumière est rétablie avec "la chapelle ardente" et "les quatre cierges de sire", lumière qui s'oppose à la "nuit" du cauchemar comme "la robe blanche" s'oppose "aux pénitents noirs". Toute cette scène n'appartient donc pas au cauchemar, elle ne relève d'ailleurs pas du passé mais du futur d'après les verbes "aura" et "sera" : on a l'impression que le rêveur s'est réveillé et qu'il imagine l'enterrement futur des deux personnages de son rêve et, comme tout redevient normal, les tirets disparaissent, la syntaxe redevient normale avec le connecteur logique entre les deux histoires. [...]
[...] La scène rappelle le Deluge dans la Bible envoyé par Dieu pour punir les hommes. La violence des éléments naturels est impressionnante et bien rendue par les allitérations en et consonnes dures. Le narrateur semble donc se retrouver dans son cauchemar, dans le passé avec les verbes au plus que parfait "s'était brisée", "s'étaient éteintes" et "s'était écoulée", on retrouve donc l'obscurité "les torches s'étaient éteintes" ( 1.22 ) une syntaxe bizarre, notamment au début dans "Mais moi, la barre . " et le retour du tiret. [...]
[...] Le cauchemar raconté par Bertrand met donc en scène des phénomènes réels qui effraient I'homme : l'agression, la torture, la mort, fantasmes ou peurs que l'on refoule et que le rêve libère. Cependant, la mise en forme par l'écriture permet non seulement de libérer mais aussi d'exorciser ces fantasmes et de crier la beauté à partir des éléments les plus macabres. C'est l'esthétique du romantisme noir à laquelle se rattache l'auteur. [...]
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