Goldoni s'inscrit dans une tradition italienne claire : il ne rejette pas tout en bloc de la comedia dell'arte et désire conserver certains éléments dramaturgiques qui ressortent d'avantage de la comedia dell'arte. En effet, on retrouve dans La Vedova Scaltra la présence des masques et du déguisement. Rosaura se déguise pour piéger les quatre prétendants. On notera le caractère ambivalent de cette partie de la pièce, car c'est en mentant, en dissimulant la vérité qu'elle lève le voile de la vérité sur les quatre autres comme si le mensonge d'une femme permettait de dévoiler la vérité sur les hommes.
Gozzi est le principal opposant de Goldoni, défendant la comedia dell'arte contre la comédie réglée de Goldoni. Si, aujourd'hui ou à l'époque en France par exemple, une pièce de théâtre ne peut s'imaginer autrement que réglée en acte et en scènes, pour le XVIIIe siècle italien, cette conception est loin d'être évidente et appréciée. En effet, quelques années après le siècle des classiques et de leurs règles puissantes et en grand nombre sur la dramaturgie française, Goldoni tente d'importer ce modèle tout en essayant de ne pas nier ce qui a pu se faire ou se fait encore dans son pays.
Dans ce développement, nous montrerons comment Goldoni tente de s'éloigner des ressorts dramaturgiques de la comedia dell'arte tout en restant fidèle à la conception du théâtre de son siècle afin de correspondre avec fidélité aux goûts et aux attentes d'un public amateur de comedia dell'arte. Ainsi, nous pouvons nous demander comment les ressorts dramaturgiques de Goldoni réalisent-ils la synthèse entre une idéologie dramaturgique déréglée et spontanée de la comedia dell'arte et un théâtre codé dont les ressorts sont finement travaillés.
[...] Mais Marina la reprend en lui demandant de se taire et en appelant cet engouement de Lucietta, des simagrées Cette dernière la reprend en lui disant qu'elle a du en faire autant et pis qu'elle et Marina répond en se défendant d'avoir été aussi enjouée pour vouloir séduire son rustre de mari : Mais oui, voyons, à propos de ce beau trésor qui m'est échu ! L'humour, même s'il intervient dans une certaine virulence verbale, se fait par la finesse et l'ironie, bien loin de la grossièreté de la comedia dell'arte. La rhétorique goldonienne S'il fallait définir la rhétorique goldonienne comme ressort dramaturgique du comique, il faudrait bien entendu citer la discussion entre Rosaura dans La vedova scaltra et l'Anglais. [...]
[...] Ici, Goldoni joue sur cet héritage théâtral français (Molière) et italien (la comedia dell'arte) car Lunardo veut forcer sa fille à épouser un homme duquel elle va tomber amoureuse. Le ressort dramaturgique du barbon est plus complexe que chez Molière car Lucietta tombe amoureuse de son futur époux et Lunardo change donc d'avis pour constituer un obstacle à ce mariage. Il y a concentration des deux topoï de l'amant désiré dont on interdit l'union et du mari dont on oblige l'union en la personne de Filipetti. Ceci contraint donc Goldoni à faire de Lunardo un personnage inconstant dans son caractère. [...]
[...] Goldoni, dans ces pièces traite de thèmes qui constituent des ressorts dramaturgiques fondamentaux en ce sens qu'ils sont assortis à la vie réelle. Parmi eux, on trouve le thème de la femme vénitienne redoutable, les rapports hommes fanent, la rivalité masculine, le désir charnel et une dimension sociologique fortement présente. En effet, cette dimension sociale est présente dans la Locandiera qui veut franchir les barrières sociales pour exercer son ascendance sur le sexe masculin, dans Les Rustres la vieillesse des personnages, des rustres fait état d'un réel choc des générations, etc. [...]
[...] Une nouvelle mise en scène d'un nouveau théâtre Un théâtre qui exhibe sa propre matérialité et artificialité Plusieurs éléments matériels sont des topoï du théâtre et constituent un ensemble de ressorts dramatiques. Dans La Locandiera, on trouve le motif de la lettre donnée à l'amant par l'intermédiaire d'un valet, motif présent dans La vedova scaltra également. Le motif des cadeaux onéreux (les bijoux) comme gage d'amour est également latent dans l'œuvre de Goldoni. Nous sommes là dans le topoï d'un romantisme cruel et rejeté car ces objets sont la base d'une mésentente ou d'une dispute. [...]
[...] Ainsi, le rire y est associé au rationalisme calme et logique de Lunardo. Le rire passe par le personnage de Margarita qui doit imiter l'obsession de Lunardo. Ce personnage est un vrai baron obsessionnel d'une comédie de caractères moliéresque insistant sur un trait du caractère du personnage principal. Ici, cette insistance qui produit du rire et donc constituant un ressort dramatique fondamental, porte sur la répétition de l'expression à quoi bon mâcher ses mots Au comique de situation, s'ajoute donc le comique de répétition. [...]
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