Responce aux injures et calomnies, Ronsard, Renaissance, protestantisme, catholique, guerre des religions, Théodore de Bèze, mépris, mythologie
Au XVIe siècle, Ronsard, poète et aumônier du roi Charles IX, est une figure emblématique de la littérature poétique de la Renaissance. Il a traversé les hostilités entre catholiques et protestants qui ont inspiré la poésie partisane entre 1559 à 1598, date de l'édit de Nantes, prônant la tolérance à l'égard du protestantisme.
Dans ce contexte, Ronsard adopte une position loin d'être conciliatrice, mais clairvoyante en faveur des catholiques. Il sera considéré tel un dangereux pamphlétaire par les protestants. En effet, il désigne les chefs spirituels protestants comme responsables de cette guerre des religions qu'il condamne. C'est le cas dans l'extrait étudié, tiré de l'oeuvre « Réponse aux injures et calomnies », parue en 1563, en réponse à des pamphlets rédigés contre lui. Sa réponse vise les prédicants de Genève, mais plus particulièrement Théodore de Bèze.
[...] Éloge du talent de Ronsard par lui-même Ensuite, Ronsard ne dissimule pas son souhait, depuis longtemps, qui est de se mesurer à Théodore de Bèze, contraint au silence. Ainsi, il le compare à un Taureau en furie. Ronsard, dans un état de démence révélé par son imaginaire excessif, essaye de le provoquer. Par conséquent, il poursuit son écriture avec l'objectif de prouver qu'il domine tout autant en position de défense que d'attaque via sa plume dure comme un fer tranchant. [...]
[...] Dans l'extrait de la « Réponse aux injures et calomnies », Ronsard donne une musicalité avec des rimes en fin de vers. « descendre/prendre - escrimer/estimer »(v.23 à 26) Il le fait probablement dans un esprit de ralliement à ses convictions tout en plongeant le lecteur dans une atmosphère plutôt angoissante tout au long de l'extrait. Mais, ce n'est pas sa volonté première. En effet, avec « te », « toy » (v.23 et il laisse supposer qu'il connaît son interlocuteur. [...]
[...] Enfin, il convient de retenir de la lecture de cet extrait de la « Réponse aux injures et calomnies », qu'en tant que catholique, Ronsard a privilégié le silence au lieu de céder à la haine, à la volonté de se venger et de commettre l'irréparable, le péché. Il s'est réfugié dans les mots et ensuite dans le silence afin de ne pas engendrer de l'agitation inutile dans un contexte conflictuel déjà critique sur le plan religieux et politique. [...]
[...] En effet, ayant connaissance de l'intérêt de Ronsard pour la mythologie gréco-latine, on peut supposer une inspiration volontaire du mythe des Euménides et d'Eschyle dans lequel Oreste est poursuivi par les Furies pour avoir vengé la mort de son père en tuant sa mère. L'essentiel dans cet extrait est une finalité victorieuse contre son adversaire. Ronsard rappelle ce mythe quelques vers plus loin (v.52) en citant « Un Oreste estonné de l'horreur des Furies. » Les Furies représentent des divinités persécutrices dans la mythologie grecque et romaine qui obsèdent les coupables de crimes comme Ronsard en manifeste le souhait avec Théodore de Bèze. [...]
[...] Ce dernier a remanié son ouvrage avec des vers de Ronsard, qui aussi par conviction religieuse, ne souhaite pas finalement lutter contre ses propres vers. « Je m'assaudrois moymesme, et ton larcin a faict Que je suis demeuré content et satisfaict » (v.61 et 62) Cela suffit à prouver, selon Ronsard qu'il est supérieur à son adversaire. Il est ainsi quelque part victorieux. Avec « larcin », il fait de Théodore de Bèze un voleur après l'avoir comparé à un meurtrier précédemment. [...]
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