Racine est un tragédien du XVIIe siècle. Auteur de nombreuses pièces de théâtre telles que Bérénice, il reprend dans Phèdre un thème emprunté à la mythologie, souvent traité dans l'Antiquité.
Dans cet extrait de Phèdre, l'héroïne tragique s'adresse en une longue tirade à sa servante, dans une scène de confidences, et lui avoue qu'elle aime passionnément son beau-fils Hippolyte. Cet amour coupable croît durant toute la pièce jusqu'à ce que Phèdre décide de supprimer le jeune homme avec l'aide de Poséidon.
[...] Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi-même enfin j'osai me révolter : J'excitai mon courage à le persécuter Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre, J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre ; Je pressai son exil, et mes cris éternels L'arrachèrent du sein et des bras paternels. Je respirais OEnone, et depuis son absence Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence. Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. [...]
[...] En effet, Phèdre est une héroïne tragique, qui ne peut rien contre la déesse de l'amour, et qui pourtant tente de combattre. Après les voeux assidus eu, v 11, dont elle fait preuve, elle cherche à se révolter contre la faiblesse de son coeur et préfère persécuter Hippolyte, presser son exil v 27, et l'arracher du sein et des bras paternels au vers 28, plutôt que de s'adonner à une passion coupable, pensant à tort que l'éloignement peut aller à l'encontre de la malédiction de Vénus. [...]
[...] Nous avons donc vu que l'impuissance et la révolte de Phèdre sont traités avec un ton solennel qui met en exergue le caractère tragique de la position de l'héroïne et permet de montrer sa détresse d'être prise au piège en quelque sorte par Vénus qui se montre impitoyable et donc Phèdre n'est que l'instrument de ses desseins. Le thème de cette vaine révolte des hommes face aux dieux, souvent traité dans l'Antiquité par Sophocle ou Euripide, par exemple, est remarquablement repris ici. L'amour-passion dont Vénus emplit Phèdre ne pourra être combattu par sa volonté de fidélité à Thésée. [...]
[...] Commentaire de la réplique de Phèdre, Racine (1677), Acte I scène 3 PHEDRE Mon mal vient de plus loin. A peine au fils d'Egée Sous les lois de l'hymen je m'étais engagée, Mon repos, mon bonheur semblait s'être affermi, Athènes me montra mon superbe ennemi Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps et transir et brûler. [...]
[...] Elle est la victime d'un incurable amour v 15, qu'elle sait impossible mais qu'elle ne peut oublier. Ses sentiments extrêmes se traduisent par les termes antithétiques transir et brûler au vers 8 qui montrent également que l'héroïne semble être face à un véritable dilemme : elle doit choisir entre sa fidélité pour son mari qu'elle trahit déjà dans son coeur et son amour impossible pour Hippolyte. Le rythme ternaire au vers 5 je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue souligne sa passion pour Hippolyte. [...]
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