Commentaire de texte niveau bac de français : extrait de "Feuillets d'Hypnos" de René Char
[...] qui fuient devant eux. Les habitants forment un bloc, un front puissant et ravageur comme le font penser le substantif hyperbolique « marée » (l.22). Dans cette scène, l'auteur redonne au mot Résistance son sens premier, c'est-à-dire faire face, s'affronter à l'ennemi. Il n'y a qu'en étant uni, solidaire que l'on peut repousser l'ennemi. Ainsi, René Char appelle le lecteur à défendre la liberté en faisant bloc contre les envahisseurs. Son message prend la forme d'une morale universelle dans le dernier vers du fragement détaché du reste du récit. [...]
[...] Nous percevons un déséquilibre, une rupture entre la violence des S.S. qui surgissent dans le village et les habitants qui semblent être protégés dans leur maison. René Char donne l'image d'une maison comme lieu de paix, de protection où sont réfugiés les habitants. Cette impression est suggérée avec l'emploi du champ lexical de la maison « clé », « mur », « porte ». De plus, le lecteur est pris dans une narration au rythme haletant dès la première phrase avec l'accumulation des verbes mentionnée précédemment. [...]
[...] En effet, on peut distinguer une connotation religieuse à travers l'inversion sujet- verbe et le choix du verbe « apparut » (l.21). Les villageois sont comme mués d'une force surhumaine « marée », presque divine comme le laisse entendre l'expression mise en exergue par des guillemets « en toute bonne foi » ou encore la métonymie et la comparaison à la lumière dans « des yeux [ . ] passaient comme un jet de lampe sous ma fenêtre » (l.26-27). [...]
[...] Ce ne sera pourtant qu'après la guerre, en 1946, que sera publiée l'oeuvre. Le nom des Feuillets, Hypnos, vient du surnom de René Char. Dans la mythologie grecque, Hypnos, frère jumeau de Thanatos, symbolise le sommeil. À l'image du dieu grec, René Char incarne la Résistance en sommeil qui peut s'éveiller à tout moment. Le Fragment 128 témoigne sous la forme d'un récit en prose poétique l'âpreté du quotidien des résistants clandestins. Il représente aussi un hymne à la liberté qu'il faut défendre sous les couleurs de la Résistance. [...]
[...] Le champ lexical de la guerre est omniprésent : « mitrailleuses » « mortier » « arme » (l.19). Seules les abréviations « S.S », désignant l'organisation paramilitaire et policière nazie, qui apparaissent dès la deuxième phrase puis à deux reprises nous permettent de situer temporellement au temps de la Deuxième Guerre Mondiale. Cette anecdote historique sous des airs autobiographiques ne demeure pas moins un épisode presque universel de la vie clandestine. En effet, comme indiqué précédemment, aucune précision temporelle ni spatiale n'est fournie. [...]
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