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[...] L'oiseau est présenté dans son élément. L'espace et le temps sont renseignés par un minimum de détails qui suffisent à poser les circonstances de l'anecdote. Le cadre est celui d'un bassin au-dessus duquel passent des nuages, mais dont on ne voit que le reflet : des nuages floconneux qu'il voit naître, bouger et se perdre dans l'eau L'anecdote s'organise de façon chronologique. On peut relever les conjonctions temporelles : tout à coup puis chaque fois et les préfixes de répétition : retire revenir se reforme Le nom de cygne n'est présent que dans le titre. [...]
[...] s'approche Un glissement également suggéré par les sonorités fluides en l Dans le jeu de reflet, il y a correspondance entre deux blancheurs, celle des nuages et celle de l'oiseau, autrement dit il y a reflet de nuage à plumage. Le narcissisme du cygne transparaît : le texte multiplie les occurrences du pronom personnel Il (15 fois). Le poème est rempli du cygne et de son orgueil. C'est lui-même en définitive qu'il cherche dans l'eau. Nous découvrons une anecdote dans laquelle l'auteur se laisse d'abord fasciner par la majesté traditionnelle du cygne avant de se reprendre par la question : Mais qu'est-ce que je dis ? La structure est éclairante. [...]
[...] Jules Renard, Le cygne Histoires naturelles Il glisse sur le bassin, comme un traîneau blanc, de nuage en nuage. Car il n'a faim que des nuages floconneux qu'il voit naître, bouger et se perdre dans l'eau. C'est l'un d'eux qu'il désire. Il le vise du bec et il plonge tout à coup son col vêtu de neige. Puis, tel un bras de femme sort d'une manche, il le retire, il n'a rien. Il regarde : les nuages effarouchés ont disparu. [...]
[...] Mais Renard prend le contre-pied de son modèle qui déclarait que le cygne est supérieur en tout à l'oie et sait se procurer une nourriture plus délicate et moins commune Toute noblesse est déniée à ce cygne qui ne vaut pas mieux que l'oie. Le poète défie la tradition poétique : les sonorités fluides, comme l'allitération en au début du texte, se transforment : elles deviennent dodues, en C'est un refus en réalité de faire littéraire : le cygne, animal favori de la littérature et de la mythologie, oiseau d'Apollon, dieu de la poésie, est aussi, par sa couleur, l'expression de la pureté. [...]
[...] La désillusion remplace l'illusion dont semble être victime le cygne lui-même : la quête de la beauté, de l'ineffable que sont les nuages. Le poète exerce contre lui-même son ironie puisqu'il a été capable, un moment, de croire au cygne mangeur de nuages. Le caractère magique apparaît dans l'étape du cou qui ressort de l'eau, sans rien, comme le bras de l'illusionniste qui ne réussirait pas à faire sortir du chapeau quelque vaporeux foulard. Le poète dévie les lois du genre. Le titre des Histoires naturelles de Jules Renard est le pluriel de celui de l'ouvrage de Buffon : Histoire naturelle. [...]
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