« Maintenant je pardonne à la douce fureur » est le sonnet XIII des Regrets de Du Bellay, recueil publié en 1558 au retour du poète, après quatre ans passés à Rome où il accompagna son oncle. Entre ennui et intrigues de cour, le poète angevin fit l'expérience d'une déception amère. Les poèmes contenus dans les Regrets, d'inspiration fortement autobiographique, font part de cette déception. Le sonnet XIII, écrit en alexandrins, constitue l'aveu d'un poète pour ce qui fut l'essence de sa vie : la poésie.
Les deux quatrains s'ouvrent sur la même formule « Maintenant je pardonne », mais dans chaque cas celle-ci a pour C.O.I. un oxymore désignant la poésie : « douce fureur » au quatrain 1 et « plaisant labeur » au quatrain 2. Le pardon mentionné peut donc sembler paradoxal et intrigant.
[...] Plus précisément, les tercets sont construits sur des systèmes concessifs qui opposent le passé ont été furent au futur seront - Le poème entier est construit sur un système je / la douce fureur ou je il ou je ils qui met en évidence que la vie du poète est marquée par le lien qu'il entretient avec la poésie. Il s'agit presque d'une histoire d'amour puisque la poésie est assimilée à une passion dans le premier quatrain, à une routine dans le second, à une descendance dans les tercets. - Les tercets mettent tout particulièrement en valeur la vertu consolatrice de la poésie : le système de concessives crée en effet un balancement qui peut s'apparenter à un bercement consolateur. [...]
[...] un oxymore désignant la poésie : douce fureur au quatrain 1 + plaisant labeur au quatrain 2. Le pardon mentionné peut donc sembler paradoxal et intrigant. - Ce paradoxe est renforcé par le lexique de la vanité qui envahit la relative qui m'a fait consumer erreur : le verbe consumer (placé au milieu du quatrain), l'adjectif vain antéposé par rapport au nom qu'il qualifie ainsi que l'expression superlative si longue erreur en témoignent. - Le jeu des rimes vient expliquer les reproches que le poète a pu faire à la poésie ; son caractère décevant : la rime âge/ ouvrage vient associer une périphrase de la jeunesse le meilleur de mon âge (expression superlative) avec ingrat ouvrage expression pour désigner les vers (on peut penser que le poète n'a pas retiré les bénéfices qu'il espérait, soit en termes financiers, soit en terme de gloire). [...]
[...] - Ce système d'oppositions se conclut sur une image forte, celle du scorpion utile (peut-être référence au fait que le venin de certains animaux entre dans la composition de médicaments) ainsi que sur un enjambement du vers 13 au vers 14. Le poème se termine donc avec brio sur une image forte, inattendue, magistrale. Conclusion Après avoir résumé l'ensemble de la démonstration, on pourra conclure sur la virtuosité du texte : une structure complexe faite de parallélismes et de paradoxes, au service d'une touchante sincérité. [...]
[...] "Les Regrets", Joachim du Bellay (1558) - sonnet XIII "Maintenant je pardonne à la douce fureur" Introduction Maintenant je pardonne à la douce fureur est le sonnet 13 des Regrets de Du Bellay, recueil publié en 1558 au retour du poète, après quatre ans passés à Rome où il accompagna son oncle. Entre ennui et intrigues de cour, le poète angevin fit l'expérience d'une déception amère. Les poèmes contenus dans les Regrets, d'inspiration fortement autobiographique, font part de cette déception. [...]
[...] Les deux propositions subordonnées introduites par puisque mettent l'accent sur cette visée explicative. - Si la structure de ce quatrain emprunte de nombreux éléments au premier quatrain (mêmes rimes, mêmes expressions, même structure d'une seule phrase pour chaque quatrain, etc.), ce quatrain se démarque pourtant dans la mesure où il exprime le présent du poète : on passe en effet d'un système au passé dans le quatrain 1 (passé composé : a fait consumer à un système au présent dans le quatrain 2 : il endort il fait je ne tremble Si le passé du poète fut le meilleur de [son] age le présent est marqué par la violence : périphrase le souci qui m'outrage (déception et sentiment d'exil) et métaphore de l'orage pour désigner l'atmosphère dans laquelle il évolue. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture