Le sonnet 82 est dédié à Duthier, conseiller d'Henry II et mécène de Ronsard (du Bellay s'adressait déjà à lui au sonnet 60). Il s'agit d'un poème de la satire de Rome, quand du Bellay après avoir exprimé son fiel, sa mélancolie, dans la première partie élégiaque, rit d'un « ris sardonien » et use du sel de la satire. Il arrive après un sonnet où l'on a largement moqué les cardinaux et la cour papale, et se place avant celui qui décrit une Rome changée, perdue et qui attend passivement l'attaque du duc d'Albe.
Le sonnet dénonce sans nommer, il s'agit d'une satire horatienne, qui fait partie de l'inspiration de Du Bellay. Le sonnet peint une Rome où tout n'est qu'illusion, où les hommes ne savent que paraître et plaire. Le poème commence par une question rhétorique, question qui semble annoncer un aveu, comme s'il y avait quelque chose qu'il fallait taire, il prépare son ami par cette interrogation. Il y a un effet de mise en attente pour le lecteur en rejetant à la fin le nom de Rome (ce qui par la même occasion le met en valeur) et crée une certaine impatiente en commençant par un vers qui ne fait qu'interroger.
[...] "Les Regrets", Joachim du Bellay (1558) - sonnet 82 "Veuls-tu sçavoir quelle chose c'est Rome Introduction Il s'agit d'un poème de la satire de Rome, quand Du Bellay après avoir exprimé son fiel, sa mélancolie, dans la première partie élégiaque, rit d'un ris sardonien et use du sel de la satire. Il arrive après un sonnet où l'on a largement moqué les cardinaux et la cour papale, et se place avant celui qui décrit une Rome changée, perdue et qui attend passivement l'attaque du duc d'Albe. [...]
[...] Les vices et ce que condamne Du Bellay se situent juste avant la césure, pour les mettre en avant. L'oisiveté et la liberté sont bien des vices de la débauche : plus de moral, les hommes font ce qu'ils veulent et se laissent aller. En pratiquant une lecture verticale des deux derniers tercets, rime abonde avec monde les audacieux et les vicieux Et le dernier vers semble être l'apogée de l'absurdité de Rome : c'est le personnage le plus méprisant, le plus fourbe qui réfléchit et se prononce sur des choses importantes les faits du monde C'est bien ici la Cour papale qui est visée, ce sont les pires hommes, les vil(s) faquin(s) qui sont en droit de décider. [...]
[...] Et s'il est bien des hommes visés dans ce poème ce sont les courtisans qui ne sont bons qu'à tourner autour du roi et qu'à paraître. Mise en valeur par l'assonance l'amour / la cour qui insiste sur cet élément. L'idée que Rome rend inconstant, qu'elle transforme les hommes est souligné à plusieurs reprises : avec l‘oxymore humble / audacieux Bon / vicieux avec là une diérèse qui allonge le mot, et le souligne donc. Rome est si aliénante qu'elle transforme les hommes en l'opposé de ce qu'ils sont. [...]
[...] On peut penser avec ce sonnet l'impossibilité de l'identité. Puisque tout change, tout est mouvant tout le temps, et puisque surtout les hommes ici ne se montrent pas tel qu'ils sont mais qu'ils portent des masques qu'ils choisissent. Distinction entre l'être et le paraître qui retire à l'homme toute possibilité d'identité. On peut noter des aspects prébaroques dans ce sonnet. Ce jeu entre l'être et le paraitre, avec l'instable et le hasard de la Fortune ont tendance à nous faire penser au style du baroque. [...]
[...] Les vers qui suivent répondent à la question posée en définissant Rome de manière sentencieuse et sans appel. La condamnation est virulente, tranchée : les termes employés sont des termes graves, sérieux tout le monde l'homme Les termes sont sans détour, Du Bellay a vu en Rome toute la nature de l'homme, ses vices. Est énoncé par la suite avec un rythme ternaire les mots qui permettent de définir Rome : un public échafaud, une scène, un théâtre ce rythme ternaire permet une gradation, d'un simple lieu d'exposition au le lieu de la comédie, ici semble-t-il une comédie sociale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture