Le mythe de Babel (qui se trouve en Genèse, 11) est un mythe étiologique racontant comment les hommes d'après le déluge en sont venus à parler des langues différentes. Kafka, écrivain contemporain du 20e siècle, reprend dans son texte intitulé « Les Armes de la ville » le mythe de la construction de la Tour de Babel, qu'il déplace dans un contexte moderne.
[...] La réécriture du mythe de Babel par Kafka dans Les Armes de la ville Le mythe de Babel (qui se trouve en Genèse, 11) est un mythe étiologique racontant comment les hommes d'après le déluge en sont venus à parler des langues différentes. Kafka, écrivain contemporain du 20e siècle, reprend dans son texte intitulé Les Armes de la ville le mythe de la construction de la Tour de Babel, qu'il déplace dans un contexte moderne. On peut se demander quelles sont les modifications apportées au mythe présent dans la Bible et quelles en sont les conséquences. [...]
[...] Nous verrons dans un premier temps les changements opérés par l'auteur, puis dans un second temps, nous nous pencherons sur les nouvelles interprétations qui en découlent. * * * Tout d'abord, on peut dire que le texte débute in medias res : en effet, le texte de Kafka ne mentionne pas l'arrivée des hommes dans un pays que le texte biblique nomme Shinéar Il n'est pas non plus question d'une langue au départ commune ; l'élément repris par le texte ne concerne que le but recherché par les hommes : bâtir une tour qui touche aux cieux On remarque que la dimension théologique est complètement absente de la réécriture : en effet, il n'est pas question d'atteindre Dieu, et ce dernier n'est même pas mentionné dans le passage, si ce n'est d'une part dans une transposition des pensées de Dieu du discours direct (dans la Bible) au discours indirect dans le texte tant qu'il y aura des hommes il y aura le désir, désir ardent, d'achever la construction de la tour d'autre part dans la prophétie exprimée dans le dernier paragraphe et qui annonce la destruction future de la ville par cinq coups d'un gigantesque poing qu'on peut imaginer comme étant celui de Dieu. [...]
[...] Alors que le texte biblique représente au départ des hommes soudés ayant une même volonté (à savoir se faire un nom ; verset le texte de Kafka montre un peuple qui ne peut s'entendre, faute d'union Nous venons de voir dans un premier temps quels changements avaient été opérés par Kafka. Nous allons dans une seconde partie montrer en quoi ces modifications amènent à réinterpréter le mythe de la tour de Babel. La réécriture de Kafka permet de poser une problématique moderne : quel lien pouvons-nous encore entretenir avec les générations qui nous ont précédées ? [...]
[...] En effet, deux idées majeures sont présentes dans ce texte : d'une part, il est question de l'incompréhension entre les hommes et leur manque de cohésion ; d'autre part, c'est la notion de progrès qui est problématisée. Tout d'abord, ce qui relève de l'intervention divine dans le texte biblique Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre verset est dans le texte de Kafka présenté comme naturel et surtout déjà présent dès le départ, puisque les bâtisseurs ont besoin d'interprètes, ce qui laisse à penser que tous les hommes présents à Babel ne se comprennent pas. [...]
[...] Transposé sur un plan métaphysique, le texte dénonce ainsi une réalité : en montrant que ce sont les hommes qui sont à l'origine du chaos qui règne à Babel, Kafka présente la nature humaine comme foncièrement imparfaite. Mais il pose également une question existentielle : comment continuer à se perpétuer puisque tout est soumis au changement et voué à périr ? [...]
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