Analyse du poème de Jacques Réda intitulé La bicyclette, faisant partie de son recueil Retour au calme.
[...] Ces éléments conduisent à la perception de l'effet de la lumière, perception qui nous entraîne dans la fantasmagorie du poète. On relève l'évocation d'une rêverie intérieure par les verbes on pense v.14 et on devine v.17. Du plan de l'action on passe insensiblement au plan de la contemplation et de l'imaginaire. La présence du sujet observant est discrètement rappelée par le pronom on qui ponctue les étapes de la métaphore v.3 et 14, mais sans qu'aucune subjectivité affirmée ne vienne s'intercaler entre le lecteur et la transfiguration opérée. [...]
[...] On relève le champ lexical de la lumière (avec notamment un jeu de mots sur rayons v.6). L'oxymore du vers 3 torrent de soleil introduit une dimension fantastique dans la description de ce lieu habituellement banal : il faut parfois regarder de plus près le quotidien pour y trouver des éléments extraordinaires. Cet oxymore se prolonge en métaphore filée de l'écoulement (v.3 roule v.4 se pulvérise v.5 des éclats v.6 des gouttes qui dépeint une profusion subite de lumière. Cette mise en lumière est un prélude indispensable à la découverte du vélo, présenté comme un objet parfait, grâce à une double hyperbole et à la majesté de l'alexandrin (alors que le reste du texte est composé de vers de 14 pieds). [...]
[...] De plus, le mètre employé dans chaque vers, proche de l'alexandrin, apparente ce poème à une forme classique. Ces caractéristiques formelles permettent d'installer une atmosphère de calme propice à la révélation de la nature fantastique du vélo. Conclusion : A l'instar de Francis Ponge dans Le Parti pris des choses, Jacques Réda propose de redécouvrir les objets du quotidien, éclairés sous un jour nouveau grâce à la transmutation du langage poétique. Toutefois la beauté des choses ne peut apparaître qu'au prix d'un ralentissement auquel invite le cadre de cette expérience sensorielle. [...]
[...] La métaphore du dernier vers insiste sur l'alchimie opérée par la lumière qui confond désormais les roues de la bicyclette avec les planètes qui l'entourent. Et malgré l'intensité du rayonnement l'énergie produite par le vélo en fusion reste harmonieuse et traduit la sérénité du poète. II) Un effet d'harmonie et de sérénité : L'effet d'harmonie et de sérénité est rendu grâce à la perception sensorielle accrue : l'attention du poète est portée au silence (vers aux bruits (vers aux détails concrets de l'environnement observé (notamment les formes et les matières : vitres en losange au vers carreau au vers 12). [...]
[...] Le poème intitulé La bicyclette impose précisément un changement de rythme qui permet l'observation attentive de la métamorphose opérée par la lumière du soir sur le vélo. Cette mutation spectaculaire s'effectue cependant dans une atmosphère sereine et harmonieuse. La métamorphose d'un objet quotidien : Réda opère dans son texte la transfiguration d'un objet technique appartenant au domaine du sport ou à l'univers de l'enfance. Le cadre spatio-temporel évoque l'endormissement d'un village une fin de semaine : les repères chronologiques et les indicateurs de lieu du vers comme le participe présent passant suggèrent le calme, propice à la métamorphose. [...]
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