La chair est triste, hélas ! Et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! Là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce c?ur qui dans la mer se trempe
O nuits ! Ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon c?ur, entends le chant des matelots !
[...] En effet, comme Baudelaire, Mallarmé est très mélancolique, ce qui se reflète dans ses poèmes. Le désespoir du poète apparaît tout d'abord à travers une allégorie de l'ennui présente au vers 11 "Un Ennui, désolé par les cruels espoirs". De plus, nous savons que la disparition de sa mère et de sa sœur a provoqué chez lui une hantise de la mort, ainsi que de l'ennui. Ainsi, nous pouvons dire que ses rêves sont brisés par cette hantise, comme en témoigne le verbe "désolé". [...]
[...] Selon le poète, l'écriture poétique est une manipulation de signes. Ainsi, comme ceux de Rimbaud et de Verlaine, ses premiers poèmes sont marqués par l'influence de Baudelaire qui consacre sa vie à une quête de l'idéal. On retrouve d'ailleurs cet accent baudelairien dans le poème Brise marine, issu du recueil Poésies, où le thème de la fugue poétique est présent tout au long du texte. Problématique : Comment Mallarmé parvient-il à mêler les thèmes du voyage et de l'expérience poétique ? [...]
[...] Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots ! Analyse : La recherche d'un ailleurs Notons tout d'abord que cette recherche d'un "ailleurs" est bien entendu influencée par Baudelaire. Mallarmé recherche l'idéal à travers le voyage ce qui est implicitement affirmé au vers 10 : "Lève l'ancre pour une En partenariat avec www.bacfrancais.com exotique nature". En effet, l'exotisme est perçu comme étrange lointain ce qui stimule l'imaginaire du lecteur comme celui de l'auteur. Ainsi, Mallarmé présente un "ailleurs" attrayant qui exalte son envie de voyager, comme l'illustre le vers 2 : "Fuir ! [...]
[...] De plus, l'expression "là-bas" est reprise par l'adjectif "exotique", vers 10. Nous pouvons donc penser que le poète n'a qu'une vague vision de cet idéal. Son idéal s'appuie sur le ciel et la mer qui rendent le lieu paradisiaque. En effet le champ lexical de la mer est omniprésent : vers 3 "l'écume", vers 16 "matelots", vers 10 "l'ancre", vers 13 et 15 "les mâts", vers 14 "vent" et "naufrages", vers 16 "matelots". Grâce à ce champ lexical, l'auteur nous informe qu'il est à la recherche d'un dépaysement. [...]
[...] On retrouve de nouveau le thème du spleen à travers l'utilisation du champ lexical du vide et de l'absence : vers 4 "rien", vers 6 "déserte", vers 7 "blancheur", et vers 15 "perdus". Mais cependant, lorsque le poète s'évade vers cet ailleurs, il comble le vide comme en témoigne le vers 4 "rien". Conclusion : Mallarmé s'échappe à travers ses voyages, qui sont pour lui une inspiration poétique. A travers le voyage, il arrive à nous faire part de ses expériences poétiques. Beaucoup de poètes mêlent la poésie avec leur expérience durant un voyage, comme Baudelaire. [...]
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