Décadence, illusion, Wilde, Dorian Gray, romantisme, naturalisme, spleen, Goya, Baudelaire
Décadence. Voilà le terme qui caractérise le plus justement le roman À rebours de Huysmans, écrivain français du XIXe siècle. Son oeuvre s'inscrit à ses débuts dans le naturalisme, dont la figure de proue est Émile Zola, puis dérive vers cette décadence inspirée par Baudelaire, Poe ou Mallarmé. Car il ne s'agit plus pour Huysmans de dépeindre « l'existence commune » : voulant sortir de ce carcan naturaliste qu'il trouve réducteur, il fait naître sous sa plume des Esseintes, personnage à la fois torturé et bourreau, dandy sans morale, amateur d'art capricieux. L'on retrouve alors sous ces traits le Dorian Gray d'Oscar Wilde, qui s'inspire du roman de Huysmans, allant même jusqu'à l'intégrer dans son oeuvre sous la forme du « livre jaune » qui marque tant l'esprit du jeune Gray.
Au coeur de cette fiction, pas d'intrigue mais une « encyclopédie de sensations », dont le moteur principal est l'art. Comme dans Le Portrait de Dorian Gray, les sens sont à l'honneur : odorat, toucher, vue, ouïe, goût, ainsi que la littérature qui subit une longue analyse. Si Théophile Gautier est central dans le roman de Wilde, c'est le peintre Gustave Moreau qui inspire Huysmans, qui est à l'origine d'une partie de sa réflexion sur l'art : elle nourrit toute l'oeuvre et n'est pas sans rappeler que son auteur fut aussi critique dans ce domaine.
C'est pourquoi mon propos, qui ne constituera qu'une introduction car très bref, s'articulera autour de la décadence présente dans ce roman et autour de la perception de l'art par des Esseintes.
[...] Cet autre monde, justement, on pourrait supposer qu'il n'arrive pas à le quitter, qu'il est toujours pris entre ce dernier et le réel, dans un entre-deux qu'il n'arrive pas à dépasser et qui fait sa perte. Conclusion Alors que le fil conducteur du roman À rebours est la décadence en tant que genre littéraire, ce qui porte des Esseintes dans son existence est l'art : il vit à travers lui, dans le rêve que ce dernier fait naître. Monde de sensations mais aussi d'illusions auquel des Esseintes ne peut échapper, qui est à la fois sa raison d'exister et sa perte. [...]
[...] : Secouer les préjugés, briser les limites du roman, y faire entrer l'art, la science, l'histoire [ se servir de cette forme comme d'un cadre pour y insérer de plus sérieux travaux [ Supprimer l'intrigue traditionnelle, voire même la passion, la femme, concentrer le pinceau de lumière sur un seul personnage, faire à tout prix du neuf J.-K. Huysmans, À rebours, Préface écrite vingt ans après le roman p Brendan King, http://homepage.mac.com/brendanking/huysmans.org/fr/contextf.htm 3 J.-K. Huysmans, op. cit., p Ibid Ibid., p L'on notera que cette œuvre et son auteur sont imprégnés de peinture (cf. utilisation du pinceau Huysmans brossant un tableau dans lequel même intervient, comme nous le verrons, l'art pictural. [...]
[...] À rebours, Joris-Karl Huysmans Le roman de l'illusion Décadence. Voilà le terme qui caractérise le plus justement le roman À rebours de Huysmans, écrivain français du XIXe siècle. Son œuvre s'inscrit à ses débuts dans le naturalisme, dont la figure de proue est Émile Zola, puis dérive vers cette décadence inspirée par Baudelaire, Poe ou Mallarmé. Car il ne s'agit plus pour Huysmans de dépeindre l'existence commune1 : voulant sortir de ce carcan naturaliste qu'il trouve réducteur, il fait naître sous sa plume des Esseintes, personnage à la fois torturé et bourreau, dandy sans morale, amateur d'art capricieux. [...]
[...] Ainsi, grâce au peintre, des Esseintes voit enfin la Salomé qu'il s'était imaginée : Elle n'était plus seulement la baladine qui arrache à un vieillard, par une torsion corrompue de ses reins, un cri de désir et de rut ; qui rompt l'énergie, fond la volonté d'un roi, par des remous des seins, des secousses de ventre, des frissons de cuisses ; elle devenait, en quelque sorte, la déité symbolique de l'indestructible Luxure, la déesse de l'immortelle Hystérie, la Beauté maudite, élue entre toutes par la catalepsie qui lui raidit les chairs et lui durcit les muscles ; la Bête monstrueuse, indifférente, irresponsable, insensible, empoisonnant, de même que l'Hélène antique, tout ce qui l'approche, tout ce qui la voit, tout ce qu'elle touche J.-K. Huysmans, À rebours, p. [...]
[...] Peu importe alors le réalisme de la peinture prôné par les classiques. C'est pourquoi seuls quelques artistes trouvent grâce à ses yeux comme Francisco de Goya dont les œuvres montrent des sorcières chevauchant des chats des femmes s'efforçant d'arracher les dents d'un pendu des bandits des démons9 ou Gustave Moreau : Après s'être désintéressé de l'existence contemporaine, il avait résolu de ne pas introduire dans sa cellule des larves de répugnance ou de regrets ; aussi avait-il voulu une peinture subtile, exquise, baignant dans un rêve ancien, dans une corruption antique, loin de nos mœurs, loin de nos jours. [...]
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