Commentaire de texte composé sur "Le ravissement de lol v stein" de Marguerite Duras Pages 75 76 77
[...] On parle pourtant d'amour. Le narrateur aurait pu dire : « J'aime Tatiana » ou même « je penser l'aimer ». Il n'en est rien et l'absence d'affect se fait l'écho d'une économie volontaire de style de la part de l'auteur. Le narrateur va ensuite continuer à perdre le lecteur en déclarant : « Dès que Lol a pénétré dans la maison elle n'a plus eu un regard pour moi ». Ce narrateur fou d'amour pour Lol annonce que celle-ci ne lui accorde plus aucune attention. [...]
[...] Et c'est finalement cela que Tatiana ne supporte pas. Maintenant que le néant est établi tant dans le fond que dans la forme, le narrateur s'enfonce un peu plus dans une description du vide : « La conversation devint commune, se ralentit, s'engourdit ». Les personnages se mettent alors à parler de la pluie et du beau temps, l'histoire s'embourbe. La discussion sur l'agrandissement de S. Tahla, le « percement des rues nouvelles » rappellent la scène au début du chapitre avec la description de la soi-disant photographie de jeunesse de Tatiana et Lol. [...]
[...] S'il apparaît d'emblée que le style volontairement dépouillé de l'auteur, la distanciation du narrateur ainsi que l'absence flagrante de « substance » accordé au personnage de Lol sont les thèmes centraux du passage, il semble encore plus pertinent d'effectuer une analyse linéaire, tant l'écriture évolue comme sur des montagnes russes vers un néant qui ne peut que marquer le lecteur et l'inviter à réfléchir sur le sens de l'écriture et de la vie en général. * Le chapitre s'ouvre sur une présentation quasi clinique que le narrateur fait de lui-même : « Trente-six ans, je fais partie du corps médical. Il n'y a qu'un an que je suis arrivé à S. Tahla. Je suis dans le service de Pierre Beugner à l'Hôpital départemental. » La syntaxe est minimale, tout comme le vocabulaire choisi (« corps médical », « Hôpital départemental »), volontairement dépourvu d'affect. [...]
[...] ] toujours davantage sur son mode d'existence, son mari, ses enfants ». Lol se veut lointaine, absente, inexistante, ce que confirme d'ailleurs le narrateur : « Lol parla peu ». Et moins Lol en dit, plus l'angoisse de Tatiana grandit, comme si les jeunes femmes étaient en fait les deux parties d'un même sablier, l'une se remplissant au fur et à mesure que l'autre se vide. « Tu parles de ta vie comme un livre », lance Tatiana pour tenter de réveiller Lol. [...]
[...] Stein Marguerite Duras. Si Le Ravissement de Lol V Stein constitue un roman charnière dans la carrière de Marguerite Duras, c'est sans doute parce qu'il est, à bien des égards, déroutant, voire dérangeant. L'histoire est pourtant assez simple : une jeune femme, Lola Valérie Stein, voit sa vie s'effondrer lorsqu'à l'occasion d'un bal, elle assiste au rapt de son fiancé, Michael Richardson, par Anne-Marie Stretter. Pourtant, pendant les dix années qui vont suivre, Lola va quitter la ville de U. [...]
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