Contrairement à la majorité de ses fables, celle-ci n'a été influencée à l'auteur par personne. C'est une invention de La Fontaine lui-même. Il faut dire qu'à cette époque (vers 1675), les événements l'ont certainement beaucoup aidé : il y avait la guerre de Hollande (comme le fromage du vers 3) et le clergé régulier qui ne souhaitait pas la financer gratuitement par les trois cent mille livres qui lui étaient demandées (...)
[...] Ratapolis : nom burlesque pour Ville des Rats Reclus : ermite. Dervis : religieux musulman appartenant à une communauté. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueils poétiques de Jean de La Fontaine (1621-1695), Les Fables choisies mises en vers furent publiées à Paris chez Denis Thierry ou chez Claude Barbin de 1668 à 1693. Composées de douze livres répartis en deux recueils, cet ouvrage regroupe plusieurs centaines de textes courts mettant souvent en scène des animaux ; les récits sont, sauf rares exceptions, suivis d'une morale qui indique la portée critique à apporter au texte. [...]
[...] Au final, le portrait est celui d'un moine dévoyé, égoïste, hypocrite et glouton. III- La leçon Elle s'étend des vers 32 à 35 et s'identifie nettement du reste du texte par : - l'intervention du fabuliste lui-même signifiée par le pronom personnel de la première personne : je (vers 32 et 35) - l'interpellation du lecteur pour l'inviter à réfléchir : à votre avis (vers 32). L'exemplum est achevé, le récit redevient sérieux pour se connecter au monde réel et dénoncer : - la politique de Louis XIV : En mettant en scène les malheurs des Rats et des Chats, en riant du nom de Ratapolis qui sonne comme un roulement de tambour et en évoquant son blocus, La Fontaine a ainsi fait allusion à la guerre de Hollande. [...]
[...] Le fabuliste maîtrise parfaitement l'art du détail, instaure une sorte de jeu avec le lecteur d'autant plus efficace qu'il est discret. Après l'amertume de sa fable Les Animaux malades de la peste constatant les graves défaillances de la justice et du système social de son temps, cette fable est une satire plaisante qui constitue néanmoins une réelle critique de la politique royale de l'époque et des gens de robe qui, sous couleur de religion, trompent et exploitent la naïveté populaire. [...]
[...] Aussi est-il surprenant de les voir apparaître timides au vers 15 pour demander quelque aumône légère. Cette timidité est telle qu'ils n'osent pas s'adresser directement à l'ermite, d'autant mieux rendue que l'auteur traduit tout leur discours au style indirect libre. De plus, la versification irrégulière alternant octosyllabes et alexandrins donne l'impression de plusieurs personnages intervenant pour évoquer diverses informations grossières : .vers 16, en terre étrangère c'est l'exil .vers 17, le peuple chat c'est la menace du plus terrible ennemi .vers 18, Ratapolis c'est le burlesque du siège de la capitale .vers 19, contraints de partir sans argent c'est la catastrophe .mais surtout, au vers 17, l'indéfini quelque secours témoigne qu'ils n'ont pas grand espoir de réussite. [...]
[...] Mais ces privations sont relatives car, comme cela a été évoqué, sous couvert d'une vie offerte à Dieu, le Rat est gourmand et a englouti une grande partie de son fromage en peu de jours (vers 9). On retrouve la duplicité du curé telle que l'humanisme du 16ème siècle et Rabelais l'avaient évoquée. - une critique des fondateurs du Christianisme Grâce à une image hyperbolique (le Rat, qui creuse en le rongeant un fromage, devient un conquérant fondateur d'une cité) et le début du vers 8 : Il fit tant, La Fontaine nous suggère les efforts des grands fondateurs et des missions (notamment jésuites) qui furent envoyées par le pape pour évangéliser les habitants des contrées nouvellement découvertes (surtout l'Amérique à cette époque). [...]
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