Tous les Matins du Monde, Pascal Quignard, Alain Corneau, Sainte Colombe, Marin Marais, mort
La mort est de manière équivoque omniprésente durant la totalité du roman « Tous les matins du monde ». En effet, c'est d'un rapport très étroit que cette dernière entretient avec les personnages, que l'intrigue naîtra. Le premier élément perturbateur au commencement de l'œuvre se trouve d'ailleurs être la mort de Madame de Sainte Colombe. Dès lors, son fantôme ne cessera de venir hanter les souvenirs de son mari.
[...] Le spectre d'une vie amoureuse perdue se ravivera à chaque vision de cette dernière. Ainsi enfermé dans un mode de vie s'apparentant au Jansénisme, c'est-à-dire par un refus total justement de cette vie même. Son don pour la musique se révélera être sa seule échappatoire de cette triste condition. Grâce à la musique, il peut créer et remodeler le monde qui l'entoure tel un grand démiurge. D'ailleurs de nombreux philosophes, dont notamment Pascal, illustre janséniste, s'accordent à dire que l'art demeure être la seule façon pour les hommes de se rapprocher du divin. [...]
[...] Par antagonisme, c'est bien là tout ce que recherche son disciple, Marin Marais, qui essaye d'améliorer son jeu afin de conquérir la cour du roi. En refusant de telles propositions, monsieur de Sainte Colombe ne prouvera que plus résolument les convictions qui l'anime, à savoir le refus de tous plaisirs vains, une vie humble, et la souffrance permanente et nécessaire de la mort de sa femme. Mais paradoxalement, ce ne sera que grâce justement à l'intermédiaire de cette mort que Sainte Colombe pourra enfin rejoindre sa femme. [...]
[...] Sa mort emporterait avec lui tous les secrets de son art musical. Il s'en lamentera d'ailleurs à plusieurs reprises vers la fin du roman, alors au crépuscule de sa vie. Marin Marais qui l'espionnait depuis trois ans quasiment tous les jours vint gratter à sa porte. C'est alors que le maître accepta enfin de transmettre une partie de son art au disciple. De cette manière, à la mort de Sainte Colombe, d'une certaine façon, celui-ci survivra à travers ses propres compositions qu'il aura ainsi transmises à Marin Marais, qui pourra le faire revivre à son tour. [...]
[...] Le coup fatal lui sera porté au décès de sa propre fille Madeleine. D'autant plus que c'est elle-même qui se sera donné la mort ; à cause d'un désespoir amoureux. Dès lors il ne jouera plus de viole, renonçant pour un temps à la seule raison de vivre qui l'animait encore. Cette méprise de la vie pourrait s'expliquer par la frustration qu'il subit tout au long de son existence ; tandis que tous ses proches sont emportés les uns après les autres, lui est un des seuls à survivre. [...]
[...] Le rapport à la mort - Tous les Matins du Monde - Pascal Quignard (1991 Sujet : Le rapport de la mort dans le roman Tous les Matins du Monde : La mort est de manière équivoque omniprésente durant la totalité du roman Tous les matins du monde. En effet, c'est d'un rapport très étroit que cette dernière entretient avec les personnages que l'intrigue naîtra. Le premier élément perturbateur au commencement de l'œuvre se trouve d'ailleurs être la mort de Madame de Sainte Colombe. [...]
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