Commentaire composé semi-rédigé d'un extrait de la scène 5 de l'acte II de Phèdre de Racine.
[...] De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes. J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes. Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder. Que dis-je ? Cet aveu que je viens de te faire, Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? Tremblante pour un fils que je n'osais trahir, Je te venais prier de ne le point haïr. [...]
[...] Les "vengeances célestes" seront détaillées du vers 679 à 682. On notera dans ces vers également la répétition de dieux : "les dieux" puis "ces deux" avec l'emploi du "ces" pour insister et ajouter une nuance dépréciative (si les dieux remportent une victoire facile, cela sera indigne de leur part). Le vers 680 avec "le feu fatal" et l'allitération en imitative et fiévreuse, et avec "à tout mon sang", montre que non seulement Phèdre mais aussi toute sa famille sont touchés par cette fatalité et que par conséquent, elle ne peut résister, c'est impossible. [...]
[...] L'urgence de son désir se manifeste par les impératifs "frappe", "prête moi" et "donne". S'il la tue, ce sera pour elle "un supplice si doux". L'oxymore donne la mesure du rapport sado-masochiste. Phèdre, à ce moment là, est au paroxysme de sa passion. III) La fatalité et la mort 1. Les dieux Le poids du destin apparaît à de nombreuses reprises. Le vers 677 "Objet infortuné des vengeances célestes" montre que Phèdre n'est qu'un jouet dans les mains des dieux ("objet"). [...]
[...] Aveu direct On remarque le passage du vouvoiement au tutoiement. La déclaration est crue dès le premier vers, on note la brutalité saccadée de l'allitération en puis la vibration de l'allitération en (vers 670 à 672). Le vers clef de cette aveu est le vers 673 avec le passage de "j'aime" à "je t'aime" Violence de la passion Cette violence est visible dès le vers 672 avec le sens de "fureur" mis en valeur en fin de vers. Elle entraîne une douleur physique (vers 690). [...]
[...] Faibles projets d'un coeur trop plein de ce qu'il aime ! Hélas ! je ne t'ai pu parler que de toi-même. Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour. Digne fils du héros qui t'a donné le jour, Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite. La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper. Voilà mon coeur. C'est là que ta main doit frapper. Impatient déjà d'expier son offense, Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance. Frappe. [...]
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