Racine, "Phèdre", Acte II scène 5 - publié le 04/04/2008
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Commentaire composé semi-rédigé d'un extrait de la scène 5 de l'acte II de Phèdre de Racine.
Sommaire
I) Le discours de la passion violente
A. Aveu direct B. Violence de la passion
II) La monstruosité
A. L'amour objet de la haine B. Le monstre C. Le masochisme
III) La fatalité et la mort
A. Les dieux B. La répétition de la mort
Conclusion
Texte étudié
PHÈDRE
Et sur quoi jugez-vous que j'en perds la mémoire, Prince ? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire; ? HIPPOLYTE Madame, pardonnez. J'avoue, en rougissant, Que j'accusais à tort un discours innocent. Ma honte ne peut plus soutenir votre vue ; Et je vais... PHÈDRE Ah ! cruel, tu m'as trop entendue. Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur. Hé bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur. J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime, Innocente à mes yeux je m'approuve moi-même, Ni que du fol amour qui trouble ma raison Ma lâche complaisance ait nourri le poison. Objet infortuné des vengeances célestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes. Les Dieux m'en sont témoins, ces Dieux qui dans mon flanc Ont allumé le feu fatal à tout mon sang, Ces Dieux qui se sont fait une gloire; cruelle De séduire le coeur d'une faible mortelle. Toi-même en ton esprit rappelle le passé. C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé. J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine. Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine. De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes. J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes. Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder. Que dis-je ? Cet aveu que je viens de te faire, Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? Tremblante pour un fils que je n'osais trahir, Je te venais prier de ne le point haïr. Faibles projets d'un coeur trop plein de ce qu'il aime ! Hélas ! je ne t'ai pu parler que de toi-même. Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour. Digne fils du héros qui t'a donné le jour, Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite. La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper. Voilà mon coeur. C'est là que ta main doit frapper. Impatient déjà d'expier son offense, Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance. Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups, Si ta haine m'envie un supplice si doux, Ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée, Au défaut de ton bras prête-moi ton épée. Donne.
I) Le discours de la passion violente
A. Aveu direct B. Violence de la passion
II) La monstruosité
A. L'amour objet de la haine B. Le monstre C. Le masochisme
III) La fatalité et la mort
A. Les dieux B. La répétition de la mort
Conclusion
Texte étudié
PHÈDRE
Et sur quoi jugez-vous que j'en perds la mémoire, Prince ? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire; ? HIPPOLYTE Madame, pardonnez. J'avoue, en rougissant, Que j'accusais à tort un discours innocent. Ma honte ne peut plus soutenir votre vue ; Et je vais... PHÈDRE Ah ! cruel, tu m'as trop entendue. Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur. Hé bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur. J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime, Innocente à mes yeux je m'approuve moi-même, Ni que du fol amour qui trouble ma raison Ma lâche complaisance ait nourri le poison. Objet infortuné des vengeances célestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes. Les Dieux m'en sont témoins, ces Dieux qui dans mon flanc Ont allumé le feu fatal à tout mon sang, Ces Dieux qui se sont fait une gloire; cruelle De séduire le coeur d'une faible mortelle. Toi-même en ton esprit rappelle le passé. C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé. J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine. Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine. De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes. J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes. Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder. Que dis-je ? Cet aveu que je viens de te faire, Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? Tremblante pour un fils que je n'osais trahir, Je te venais prier de ne le point haïr. Faibles projets d'un coeur trop plein de ce qu'il aime ! Hélas ! je ne t'ai pu parler que de toi-même. Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour. Digne fils du héros qui t'a donné le jour, Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite. La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper. Voilà mon coeur. C'est là que ta main doit frapper. Impatient déjà d'expier son offense, Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance. Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups, Si ta haine m'envie un supplice si doux, Ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée, Au défaut de ton bras prête-moi ton épée. Donne.
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Extraits
[...] De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes. J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes. Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder. Que dis-je ? Cet aveu que je viens de te faire, Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? Tremblante pour un fils que je n'osais trahir, Je te venais prier de ne le point haïr. [...]
[...] Les "vengeances célestes" seront détaillées du vers 679 à 682. On notera dans ces vers également la répétition de dieux : "les dieux" puis "ces deux" avec l'emploi du "ces" pour insister et ajouter une nuance dépréciative (si les dieux remportent une victoire facile, cela sera indigne de leur part). Le vers 680 avec "le feu fatal" et l'allitération en imitative et fiévreuse, et avec "à tout mon sang", montre que non seulement Phèdre mais aussi toute sa famille sont touchés par cette fatalité et que par conséquent, elle ne peut résister, c'est impossible. [...]
[...] L'urgence de son désir se manifeste par les impératifs "frappe", "prête moi" et "donne". S'il la tue, ce sera pour elle "un supplice si doux". L'oxymore donne la mesure du rapport sado-masochiste. Phèdre, à ce moment là, est au paroxysme de sa passion. III) La fatalité et la mort 1. Les dieux Le poids du destin apparaît à de nombreuses reprises. Le vers 677 "Objet infortuné des vengeances célestes" montre que Phèdre n'est qu'un jouet dans les mains des dieux ("objet"). [...]
[...] Aveu direct On remarque le passage du vouvoiement au tutoiement. La déclaration est crue dès le premier vers, on note la brutalité saccadée de l'allitération en puis la vibration de l'allitération en (vers 670 à 672). Le vers clef de cette aveu est le vers 673 avec le passage de "j'aime" à "je t'aime" Violence de la passion Cette violence est visible dès le vers 672 avec le sens de "fureur" mis en valeur en fin de vers. Elle entraîne une douleur physique (vers 690). [...]
[...] Faibles projets d'un coeur trop plein de ce qu'il aime ! Hélas ! je ne t'ai pu parler que de toi-même. Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour. Digne fils du héros qui t'a donné le jour, Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite. La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper. Voilà mon coeur. C'est là que ta main doit frapper. Impatient déjà d'expier son offense, Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance. Frappe. [...]
Commentaire composé très complet de la scène 5 de l'Acte II de Phèdre. Dans ce passage, Phèdre, se croyant veuve avoue son amour démesuré à son beau-fils Hippolyte. C'est d'une façon poignante que Racine nous montre les dangers et les déboires de la passion, signature de la...
Une passion violente : la passion présentée comme destructrice : - Violence des termes : « fureur », folie avec « trouble ma raison », « fol amour », « feu fatal » avec cette image du feu qui évoque un amour qui consume celui qui le vit ; « souffrir ». - (...)
Ecrite en 1677, Phèdre est la dernière tragédie profane de Racine. Malgré la cabale littéraire (opposition très vive) qu'elle subit, cette pièce connue un grand succès au près du public. Les contemporains le considéraient comme la meilleure du poète. Dans le passage...