La tragédie racinienne appartient au courant de la grande tragédie classique qui fleurit au 17e siècle, et qui s'inspire des modèles antiques tels que Sophocle ou Euripide. Phèdre est l'une des tragédies majeures écrites par Racine, et sans doute la plus connue. Elle constitue également la dernière pièce profane de cet auteur, qui se consacrera par la suite à des sujets bibliques.
Le passage proposé à l'analyse est la scène 5 de l'acte IV, un monologue où Phèdre exprime sa passion blessée après la révélation par Thésée de l'amour d'Hippolyte pour Aricie. Cette scène se situe juste après la malédiction lancée par Thésée à son fils, qu'il croit coupable d'adultère, et précède de peu l'acte V, celui du dénouement tragique.
En quoi ce monologue permet-il l'expression d'une passion fatale, ressort de la tragédie ?
[...] 1212) ( ce faisant, elle devient coupable de la mort d'Hippolyte, car en taisant l'affreuse vérité (v. 1202) elle refuse de le sauver : c'est sa fierté blessée qui prend alors le dessus sur sa raison, et la rapproche du personnage de la femme maléfique, tel que l'incarne Médée, qui se venge de celui qui l'a trahie en le tuant ( l'ambivalence du personnage, tel que la décrit Racine dans la préface ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente apparaît alors à son apogée, et tend à dessiner l'identité d'une femme plus coupable qu'innocente. [...]
[...] Le monologue souligne les effets tragiques et précise les conséquences de la révélation de Thésée. Premier vers : effet de la sortie de Thésée Il sort ( cette sortie permet à Phèdre de laisser libre cours à sa douleur, suite à la révélation : 3 vers formés sur des questions oratoires (1193-1195 : Quelle nouvelle ( )et quel funeste avis ! qui suivent un rythme ascendant : c'est une gradation, caractérisée par des images violentes quelle nouvelle a frappé ; quel coup de foudre qui expriment la soudaineté de l'annonce (champ lexical de l'impromptu : nouvelle avis se réveille Les questions qui ouvrent le monologue reprennent la révélation de Thésée, et permettent de comprendre la portée de celle-ci : les vers 1200 à 1202 soulignent la volonté avortée de Phèdre de se dénoncer peut-être à m'accuser ( ) si la voix ne m'eut été coupée ( la révélation prend alors toute son ampleur, car elle apparaît comme la raison du silence de Phèdre face à Thésée Le monologue rappelle les actions passées en peignant des scènes que le spectateur n'a pas pu voir, ou qu'il n'a pas vues de la même manière que Phèdre. [...]
[...] On pourrait opposer avec intérêt le dénouement sanglant de Phèdre à celui, résigné, de Bérénice : dans ces deux tragédies, Racine traite essentiellement de passions fatales à ceux qui les conçoivent, mais ne donne pas le même sens au tragique[1]. Le dénouement de Bérénice ne comporte aucun mort, fait exceptionnel pour une tragédie racinienne, et se clôt sur la décision de Bérénice de quitter Rome et Titus, l'empereur qui ne peut l'épouser, plutôt que de se donner la mort. C'est la résignation face à la fatalité qui l'emporte, et non la mort violente, comme dans Phèdre. [...]
[...] Le tragique réside dès lors dans l'opposition qui se dessine entre une coupable qui se tait pour toujours (comme le souligne le changement de temps entre les vers 1200 et 1213 : Peut-être à m'accuser j'aurai pu consentir Et je me chargerai du soin de le défendre ! : irréel du passé est remplacé par un futur affirmatif) et un innocent condamné à tort. Conclusion Au moment où le dénouement se rapproche, Racine choisit de mettre dans la bouche de Phèdre les mots qui condamnent Hippolyte. [...]
[...] Cette scène se situe juste après la malédiction lancée par Thésée à son fils, qu'il croit coupable d'adultère, et précède de peu l'acte celui du dénouement tragique LECTURE DE L'EXTRAIT (vers 1193 à 1213) 6. En quoi ce monologue permet-il l'expression d'une passion fatale, ressort de la tragédie ? 7. Dans un premier temps, nous nous interrogerons sur les fonctions du monologue dans la progression de l'action dramatique, pour ensuite tenter de comprendre comment le texte dessine le caractère ambivalent du personnage de Phèdre. Enfin, nous verrons comment est exprimée la passion tragique dans ce passage. Plan de l'explication Le monologue a une fonction dramatique dans la progression de l'action 1. [...]
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