Phèdre, tragédie classique en 5 actes et en vers, est présentée par Jean Racine (1639-1699) pour la première fois le 1er janvier 1677 ; Racine avait alors appelé sa pièce Phèdre et Hippolyte, ce qui ne fut modifié que dix années plus tard.
Comme dans toute réécriture d'un mythe, les sources du dramaturge sont nombreuses. On y trouve notamment des références au poète grec Euripide et au philosophe romain Sénèque (...)
[...] Elle nous permet d'apprendre qu'Hippolyte est, contrairement aux apparences, un personnage très sensible. Les premiers vers de l'extrait montrent à quel point l'effet de surprise est grand, notamment pour Phèdre : Hippolyte aime, et je n'en puis douter. Ce farouche ennemi qu'on ne pouvait dompter, Qu'offensait le respect, qu'importunait la plainte, Ce tigre, que jamais je n'abordai sans crainte, Soumis, apprivoisé, reconnaît un vainqueur ; Aricie a trouvé le chemin de son cœur. De farouche indomptable, Hippolyte est désormais soumis et apprivoisé C'est d'autant plus un choc pour Phèdre que c'est l'amour d'Aricie qui l'a conquis. [...]
[...] Où ma raison se va-t-elle égarer ? Moi jalouse ! Et Thésée est celui que j'implore ! Mon époux est vivant, et moi je brûle encore ! Pour qui ? Quel est le cœur où prétendent mes vœux ? Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux. Mes crimes désormais ont comblé la mesure. Je respire à la fois l'inceste et l'imposture ; Mes homicides mains, promptes à me venger Dans le sang innocent brûlent de se plonger. Misérable ! [...]
[...] Commentaire Phèdre, torturée par la jalousie A. Une tirade pleine de souffrance - Des vers 1225 à 1258, la tirade de Phèdre est marquée par la souffrance. On le voit au champ lexical de la douleur, dont les occurrences sont nombreuses. On peut par exemple citer douleur ou encore souffrir des termes qui ouvrent et clôturent son intervention, semblant se refermer sur elle comme un piège. Cette douleur, cette souffrance est d'un genre nouveau pour Phèdre ; elle le déclame d'ailleurs au vers 1225, dans un élan pathétique : douleur non encore éprouvée ! [...]
[...] Les a-t-on vus souvent se parler, se chercher ? Dans le fond des forêts allaient-ils se cacher ? Son discours tourne autour du même thème, de façon évidente. Mais ces questions s'enchaînent dans l'esprit de Phèdre, qui devient folle de confusion. Temps, lieux, témoins, tout est sujet à interrogation. Son cri : ils s'aiment ! semble presque relever de l'irréel : elle s'interroge, mais réalise-t-elle ? Quelle qu'en soit la réponse, ses interrogations et souvenirs trahissent un certain masochisme. La souffrance est en tout cas bien réelle. [...]
[...] combien frémira son ombre épouvantée, Lorsqu'il verra sa fille à ses yeux présentée, Contrainte d'avouer tant de forfaits divers, Et des crimes peut-être inconnus aux enfers ! Que diras-tu, mon père, à ce spectacle horrible ? Je crois voir de ta main tomber l'urne terrible, Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau, Toi-même, de ton sang devenir le bourreau. Pardonne ! Un dieu cruel a perdu ta famille : Reconnais sa vengeance aux fureurs de ta fille. Hélas ! [...]
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