- Hippolyte poursuit son chemin vers une mort silencieuse : "ses gardes affligés/ imitaient son silence" (v.1499/1500). Trézène est le lieu de la scène : c'est ici que s'exprime la parole, l'aveu qui va le détruire et qui a rompu les liens filiaux avec Thésée. Dès qu'Hippolyte sort de Trézène, il s'écarte de la parole, donc contrairement à ce qu'on pourrait attendre, la bataille va être le lieu du silence.
- Une parole qui est celle de Théramène, et qui fait d'autant plus ressentir cruellement le silence et l'absence d'Hippolyte, il est mimétique de la mort qui arrive.
- La particularité de ce passage c'est qu'on connait déjà la nouvelle de la mort d'Hippolyte, c'est le comment qui est ici développé, et la réponse est dans un silence aussi mortel que la parole.
- On a l'impression qu'Hyppolyte ne maitrise plus sa vie, qu'à partir du moment où il est accusé par son père, il n'est plus maître de l'action qui se déroule : "Sa main sur ses chevaux laissait flotter les rênes." (v.1502). Il se réfugie dans la pensée : "tout pensif" (v.1501).
- On a véritablement des mots qui annoncent l'action, la scène revêt alors un caractère terrible dès le début : "flotter" (v.1502), cela annonce le monstre marin.
- C'est comme s'il y avait un arrêt dans le temps dans ce monologue qui revient sur une action passée. L'utilisation d'un temps du passé rend l'action beaucoup moins vivante, l'image de la bataille est de plus en plus mortifère. Il y a même une comparaison avec un temps totalement autre, qui est introduit par le "autrefois" (v.1503).
- Ici les chevaux vont être à l'image d'Hippolyte (hippos en grec = cheval) comme l'annonçait déjà son nom, et renforce l'attitude de ce dernier (...)
[...] - Paradoxalement c'est à la mort d'Hippolyte que les langues se délient, que la parole revient : d'abord par les soldats : de nos cris douloureux la plaine retentit (v.1551), puis celle d'Hippolyte lui- même avec le discours direct des vers 1561 à 1567, puis enfin celle de Théramène dans ce monologue. - Hippolyte meurt de son amour pour Aricie, il tombe non loin de ces tombeaux antiques / où des rois ses aïeux sont les froides reliques (v.1553/54), leur lieu de rendez-vous. [...]
[...] PHEDRE Acte scène 6 Le récit de Théramène (v.1498/1570) - Hippolyte poursuit son chemin vers une mort silencieuse : ses gardes affligés/ imitaient son silence (v.1499/1500). Trézène est le lieu de la scène : c'est ici que s'exprime la parole, l'aveu qui va le détruire et qui a rompu les liens filiaux avec Thésée. Dès qu'Hippolyte sort de Trézène, il s'écarte de la parole, donc contrairement à ce qu'on pourrait attendre, la bataille va être le lieu du silence. - Une parole qui est celle de Théramène, et qui fait d'autant plus ressentir cruellement le silence et l'absence d'Hippolyte, il est mimétique de la mort qui arrive. [...]
[...] La voix transforme véritablement la Terre dans sa morphologie même : la plaine liquide (v.1513) devient une montagne humide (v.1514). L'onde (v.1515) est personnalisée, elle retrouve sa fonction créatrice de mère : elle l'apporta cette bête (v.1524) qu'on pourrait lire la porta en son sein, mais ici elle ne fait pas naître Vénus (mythe de Vénus qui nait de l'écume), mais vomit à nos yeux /un monstre furieux (v.1515/1516). Les flots d'écume (v.1516) sont déjà à l'image de cette bête écumante, ils annoncent sa rage. [...]
[...] Il est seul face au monstre, comme son père s'était retrouvé seul face au minotaure : une situation qui se duplique alors, mais qui est attendue chez ce digne fils d'un héros (v.1527). La figure un peu pâle d'Hippolyte face à Phèdre reprend au combat toute sa couleur, celle du sang de la large blessure (v.1530) du monstre. Un acte héroïque qui le mène à la mort, mais une mort qui n'est pas vraiment digne puisqu'Hippolyte ne reçoit aucun coup de la part du monstre ce sont ses chevaux qui s'emballent et le font mourir : La frayeur les emporte (v.1535), et Hippolyte est trainé par les chevaux que sa main a nourrit (v.1548). [...]
[...] La parole, avec l'aveu incestueux de Phèdre, devient l'indigne ; mais dans son silence Hippolyte garde toute sa dignité. Et en même temps, on a l'impression qu'il a déjà perdu tout sens humain : lui ne voit pas, ne parle pas. Le cri du monstre s'insère dans le monde d'Hippolyte. Un cri redoutable qui envahit cet autre monde : il vient du fond des flots (v.1507) ; il entre sans les airs (v.1508) ; et sort du sein de la terre (v.1509). [...]
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