[...]
Au premier abord, il s'agit d'un dialogue entre Phèdre et sa nourrice Oenone basé sur un échange de questions (v. 1/3, 6/7) et de réponses (v. 4/5) mais dès le vers 8, Phèdre l'interrompt et refuse de "faire un aveu si funeste". Sa stratégie est basée sur l'évitement : elle emploie le futur pour prophétiser ce qui va assurément suivre tant sa faute est inavouable "tu frémiras d'horreur" (v. 21) "quand tu sauras mon crime" (v.24) "j'en mourrai plus coupable" (v.25). A partir du vers 32, elle poursuit son choix de contournement en cherchant à se déculpabiliser et à gagner du temps. Elle évoque le passé de sa mère punie par la naissance d'un monstre - le minotaure - pour avoir aimé un taureau blanc et de sa soeur Ariane, abandonnée par Thésée sur l'île de Naxos. Ici, Phèdre se parle à elle-même et se présente en victime. L' interjection "ô" et la ponctuation exclamative dans une construction parallèle "ô haine de Vénus !" "ô fatale colère !" (v.31) font de ses propos un monologue dont Oenone est exclue. Elle continue de se déculpabiliser au vers 40 en expliquant sa situation par la fatalité sous les traits de la déesse de l'amour "Puisque Vénus le veut" et par une lourde hérédité "le sang déplorable".
Elle refuse jusqu'au bout de prendre totalement en charge son aveu puisqu'elle fait prononcer le "nom fatal" (v.44) par sa nourrice, se contentant, elle, de qualifier son beau-fils Hippolyte par la périphrase "ce fils de l'Amazone" (v.47). Au vers 50, l'emploi du pronom tonique dans le constat "c'est toi qui l'a nommé" inverse même les rôles : c'est sa nourrice qui avoue le nom de l'être aimé (...)
[...] Phèdre a toujours du mal à se résoudre à l'aveu comme l'attestent la ponctuation expressive et les questions oratoires Ciel, que lui vais-je dire et par où commencer? (v. son questionnement s'apparente de nouveau à un monologue déguisé. Ce n'est qu'aux vers 40 & 41 que l'échange peut enfin avoir lieu. En effet, Œnone comprend que la faute de sa maîtresse est un amour monstrueux sang déplorable et malheureux misérable Les vers alors sont déstructurés par les stichomythies qui augmentent la tension et le suspense Aimez- vous ? [...]
[...] Une profération douloureuse : Au vers 28, le changement de rythme avec le passage d'alexandrins amples à deux hexasyllabes marque une rupture. La première hémistiche tu le veux, lève-toi avec une césure centrale confère au moment une certaine solennité. Dans la seconde hémistiche, Œnone manifeste son impatience en reprenant les modes indicatif et impératif employés par sa maîtresse mais en les inversant. Sa réplique renverse ainsi les statuts et la place dans une position de supériorité vis-à-vis de Phèdre. Ce partage de l'alexandrin par les deux femmes exacerbe la tension dramatique. [...]
[...] Phèdre est en effet en train de se laisser mourir sans raison apparente. Pour la persuader de se livrer, elle commence par se servir du chantage de la mort au vers 13 mon âme chez les morts descendra la première puis à faire culpabiliser sa maîtresse. Elle veut lui montrer à quel point elle souffre de son silence inhumain (v.10) et se torture ma juste douleur (v.15). Elle emploie le passé composé aux vers 17 & 18 pour lui rappeler son rôle de nourrice et l'amour maternel qu'elle lui porte. [...]
[...] A partir du vers 32, elle poursuit son choix de contournement en cherchant à se déculpabiliser et à gagner du temps. Elle évoque le passé de sa mère punie par la naissance d'un monstre - le minotaure - pour avoir aimé un taureau blanc et de sa sœur Ariane, abandonnée par Thésée sur l'île de Naxos. Ici, Phèdre se parle à elle-même et se présente en victime. interjection ô et la ponctuation exclamative dans une construction parallèle ô haine de Vénus! ô fatale colère! (v.31) font de ses propos un monologue dont Œnone est exclue. [...]
[...] 28) puis pour prendre de la hauteur et s'imposer en s'octroyant un statut élevé cessez de m'offenser (v. 31). II. Un aveu atypique : Pécher d'aimer : Au début, la scène est fondée sur une méprise. La nourrice pense qu'il s'agit d'un crime de sang que représente la synecdoque vos mains (v.3) reprise par Phèdre au vers 4 mes mains Or, dans une construction parallèle avec l'emploi d'une autre synecdoque mon cœur Phèdre dément. Il s'agit en fait d'un crime de cœur, celui-ci représentant au siècle à la fois le sentiment amoureux et le courage. [...]
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