Commentaire de texte sur Mithridate (V, 4) de Racine.
[...] Il s'impose alors comme le sauveur, alors que Mithridate est en train de mourir. En effet, le récit que fait Arbate de l'arrivée de Xipharès est digne d'un récit héroïque, épique, d'une épopée ("Vaincus, et renversés les Romains, et Pharnace, [ . ] À mes yeux éperdus a montré Xipharès") : le récit est rythmé, et témoigne d'un réel mouvement comme le montrent les prépositions ou adverbes de lieu dans ces expressions suivantes : "vers leurs vaisseaux" ; "vers nous" ; "s'avançant de plus près". [...]
[...] C'est la scène qui clôt presque la tragédie. Nous pouvons alors parler à ce moment de la catharsis, conforme au classicisme. Nous souffrons avec les personnages, nous compatissons et partageons leurs craintes : c'est la purgation des passions. Finalement, nous pouvons nous demander si l'utilisation de l'histoire ancienne n'avait pas pour but de contourner la censure afin d'évoquer l'histoire contemporaine. Au moment où la pièce commence à être représentée, dès 1673 donc, c'est en effet durant la Guerre de Hollande (1672-1678), et nous pourrions alors faire un rapprochement entre l'envahisseur romain et l'ennemi hollandais. [...]
[...] Cette scène nous confronte ainsi à un personnage qui incarne l'héroïsme, Mithridate. En effet, pour commencer nous pouvons constater la présence d'un champ lexical foisonnant de la guerre : "armes" ; "étendards" ; "combattu" ; "défendre" ; "front" ; "soldats" ; "bataillon", qui nous informe de la situation belliqueuse : une situation de guerre intense. La scène parle donc d'un roi : elle souligne la noblesse du personnage, comme en témoigne ces expressions : "noble fureur" ; "grande âme". Le roi est de ces personnages qui ont une grandeur d'âme et dont les sentiments sont nobles. [...]
[...] J'ai vu de toutes parts". C'est ainsi une scène très visuelle qu'il transpose au spectateur, comme le montre la répétition de l'expression "j'ai vu". Les mots sont donc ici une force qui permet de reconstituer la scène où Mithridate s'est donné la mort, puisque celle-ci est passée, n'a plus de forme, si ce n'est dans l'esprit d'Arbate. Mais ici ses mots la font d'une certaine manière revivre. Finalement, Arbate est un homme et est aussi un être qui souffre comme le montre cette tournure hyperbolique : "ma douleur extrême" ou encore cette expression focalisée sur le réseau sémantique du moi : "Je songe bien plutôt à me percer moi-même,". [...]
[...] Commentaire : Racine, Mithridate, V (1673) Jean Racine est le dramaturge de la tragédie Mithridate, une tragédie classique en cinq actes et en vers. Créé autour du 23 décembre 1672 à l'Hôtel de Bourgogne, et publié en 1673, Mithridate succède à Bajazet et précède Iphigénie dans l'œuvre de Racine. Le sujet est tiré de l'histoire ancienne, dans une logique, peut-être, d'éviter la censure et de parler subtilement de l'histoire contemporaine. Ainsi, Mithridate VI Eupator (132-63 avant J.-C.) est un roi qui a régné sur le royaume du Pont, autour de la mer Noire, et qui a été célèbre pour s'être progressivement accoutumé aux poisons par "mithridatisation". [...]
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