Commentaire composé sur l'Acte V, scène 5, de Britannicus de Racine.
[...] On sent qu'il est proche de l'action ; ainsi il désigne Britannicus par son lien familial à Néron son frère plutôt que par son nom. De plus, connaissant Narcisse, il dévoile son rôle et insiste sur son influence : c'est Narcisse qui remplit la coupe qui contient le poison et laisse éclater sa joie après le meurtre Narcisse veut en vain affecter quelque ennui, Et sa perfide joie éclate malgré lui Cette dernière réaction contraste fortement avec l'immense peine ressentie par Burrhus : Et j'allais, accablé de cet assassinat, Pleurer Britannicus, César et tout l'Etat Cet assassinat est révélateur pour le précepteur, car il se rend désormais compte qu'il n'appartient plus à l' odieuse cour C'est pourquoi il ne pleure pas seulement Britannicus, mais aussi la fin d'un rêve politique : Pleurer Britannicus, César et tout l'Etat Car, par son geste, Néron a aussi tué le projet d'un Etat bien gouverné. [...]
[...] Il ne montre aucun trouble ou émotion, allant même jusqu'à mettre la mort de Britannicus sur le compte d'un malaise : D'aucun étonnement il ne paraît touché : "Ce mal, dont vous craignez, dit−il, la violence A souvent, sans péril, attaqué son enfance Les diérèses soulignent, une fois de plus, sa grande maîtrise de la situation, mais aussi son cynisme qui paraît le déshumaniser. II) L'échange entre deux personnages L'ensemble de la scène repose sur la narration faite par Burrhus à Agrippine. Burrhus, le messager Précepteur de Néron, Burrhus a été témoin de la scène. On ressent encore le choc que l'assassinat a provoqué chez lui. Il est profondément déstabilisé, notamment parce que l'acte de Néron vient de lui prouver que tous ses efforts pour garder Néron dans le droit chemin et limiter l'influence de Narcisse sur ce dernier ont échoué. [...]
[...] Jean Racine est l'un des dramaturges classiques français les plus célèbres. Il montre dans ses pièces un grand respect pour les règles classiques qui organisent la tragédie, à savoir : l'unité de lieu, la bienséance (pas de violence sur scène, mais à travers les discours), l'unité de temps et celle d'action. La tragédie classique est en effet très codifiée. L'extrait que nous allons étudier a justement recours à la technique du récit pour raconter au public un évènement qui ne pourrait être représenté sur la scène. [...]
[...] Ceci est très important et crucial pour cette tragédie, car le meurtre rapporté ici est un véritable coup de théâtre qui nous prend par surprise, puisqu'à l'origine, le banquet prévu entre les frères devait les réconcilier favoriser notre réunion L'ensemble de l'action est condensée en quelques vers ; Racine utilise peu de rejets dans ses alexandrins et la plupart de ses vers sont indépendants, renforçant le sentiment de rapidité de la scène Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie La rapidité est aussi transmise par les termes à peine ou et soudain qui viennent accélérer l'action. La mort est soudaine et ajoute à la surprise et à l'effet dramatique : Britannicus boit, tombe et meurt dans l'instant. Conclusion Malgré l'absence de représentation du meurtre sur scène, après ce récit, le spectateur comme Agrippine ressentent les mêmes émotions que s'ils avaient assisté à l'assassinat ; une pitié doublée d'émotion envers Britannicus, et de l'horreur envers le geste de Néron. Ces émotions sont typiques de la tragédie. [...]
[...] Cette scène porte sur l'empoisonnement de Britannicus par Néron, son demi-frère. C'est le précepteur du défunt, Burrhus, qui vient annoncer la nouvelle à Agrippine. La force dramatique de la technique narrative Lorsqu'il rapporte les paroles de Néron, le précepteur Burrhus utilise le discours direct, ce qui ajoute à la brutalité du récit et au côté sombre du personnage, contribuant ainsi à l'intensité narrative du passage. Il rapporte ainsi les gestes Il se lève, il l'embrasse, on se tait, et soudain puis les paroles échangées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture