Lecture analytique de la scène 6 de l'acte V de Britannicus de Racine.
[...] Mais j'espère qu'enfin le Ciel, las de tes crimes, Ajoutera ta perte à tant d'autres victimes ; Qu'après t'être couvert de leur sang et du mien Tu te verras forcé de répandre le tien ; Et ton nom paraîtra, dans la race future, Aux plus cruels tyrans une cruelle injure. Voilà ce que mon cœur se présage de toi. Adieu : tu peux sortir. Racine, Britannicus, acte scène 6. Situation Ce texte est tiré de la scène 6 de l'acte V de la pièce de Racine, Britannicus, écrite en 1669. Agrippine vient d'apprendre la mort de Britannicus, empoisonné par Néron ; ce meurtre consomme la rupture entre la mère et son fils. [...]
[...] Enfin, la tournure hyperbolique du vers 1692 et la répétition du caractérisant cruels scellent l'histoire de Néron (Aux plus cruels tyrans une cruelle injure). Conclusion La puissance des imprécations d'Agrippine marque l'émergence d'un tyran présent, mais surtout à venir. Au-delà du portrait d'un héros tragique négatif, c'est surtout un usage inquiétant du pouvoir que suggère Racine Nicolas Machiavel (1469-1527) fut le secrétaire d'Etat du duché de Florence ; dans un ouvrage intitulé Le Prince, il prône l'idée selon laquelle en politique la fin justifie les moyens, et notamment l'emploi de la cruauté de la tyrannie. [...]
[...] Racine, Britannicus, acte scène 6. Poursuis, Néron, avec de tels ministres Par des faits glorieux tu te vas signaler. Poursuis. Tu n'as pas fait ce pas pour reculer Ta main a commencé par le sang de ton frère ; Je prévois que tes coups viendront jusqu'à ta mère. Dans le fond de ton cœur je sais que tu me hais ; Tu voudras t'affranchir du joug de mes bienfaits. Mais je veux que ma mort te soit même inutile Ne crois pas qu'en mourant je te laisse tranquille. [...]
[...] Lecture analytique 1. Un discours imprécatoire Consciente de sa disgrâce, Agrippine retrouve dans son désespoir une lucidité prophétique et une grandeur tragique. Ainsi, elle marque son détachement par une attitude de défi que souligne l'ironie des antiphrases des premiers vers (Par des faits glorieux tu te vas signaler) et la répétition d'un impératif provocateur (Poursuis). Par ailleurs, l'emploi nouveau et harcelant du tutoiement signale son mépris grandissant et crée dans de nombreux vers une allitération en dont l'unité sonore obsédante marque la dureté de son discours Ta* ton* tes* ta). [...]
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