Bérénice est une tragédie en cinq actes et en vers (1506 alexandrins), écrite par Racine et jouée pour la première fois en novembre 1670 à l'Hôtel de Bourgogne. Le dramaturge se serait inspiré de la romance avortée entre Louis XIV et Marie Mancini, la nièce du cardinal Mazarin.
Il aurait aussi cherché à concurrencer Corneille, en cours d'écriture sur le même thème. Le caractère tragique de cette pièce naît de l'affrontement de deux impératifs inconciliables, l'amour et le pouvoir. Titus ne peut compromettre sa mission à la tête de Rome au nom de l'amour qui l'attire à Bérénice (...)
[...] L'ingrat, de mon départ consolé par avance, Daignera-t-il compter les jours de mon absence ? Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts. Titus Je n'aurai pas, Madame, à compter tant de jours. J'espère que bientôt la triste Renommée Vous fera confesser que vous étiez aimée. Vous verrez que Titus n'a pu, sans expirer . Bérénice Ah Seigneur ! s'il est vrai, pourquoi nous séparer ? Je ne vous parle point d'un heureux hyménée ; Rome à ne plus vous voir m'a-t-elle condamnée ? Pourquoi m'enviez-vous l'air que vous respirez ? [...]
[...] Je sais qu'en vous quittant le malheureux Titus Passe l'austérité de toutes leurs vertus, Qu'elle n'approche point de cet effort insigne, Mais, Madame, après tout, me croyez-vous indigne De laisser un exemple à la postérité, Qui sans de grands efforts ne puisse être imité ? Bérénice Non, je crois tout facile à votre barbarie. Je vous crois digne, ingrat, de m'arracher la vie. De tous vos sentiments mon cœur est éclairci ; Je ne vous parle plus de me laisser ici. Qui ? moi, j'aurais voulu, honteuse et méprisée D'un peuple qui me hait soutenir la risée ? [...]
[...] Bérénice Vous ne comptez pour rien les pleurs de Bérénice ! Titus Je les compte pour rien ? Ah ciel ! quelle injustice ! Bérénice Quoi ? pour d'injustes lois que vous pouvez changer, En d'éternels chagrins vous-même vous plonger ? Rome a ses droits, Seigneur : n'avez-vous pas les vôtres ? Ses intérêts sont-ils plus sacrés que les nôtres ? Dites, parlez. Titus Hélas ! que vous me déchirez ! Bérénice Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez ! [...]
[...] Cela trouble encore plus Titus. - l'incertitude est très présente dans le vocabulaire : je sens ma faiblesse II/ La passion des personnages A. Bérénice entre souffrance et révolte Les sentiments de Bérénice, l'amante éconduite, expriment une grande violence : - au niveau de l'écriture se mêlent des figures de style telles que des hyperboles, des oxymores, des gradations, des chiasmes et des antithèses. Ces figures d'amplification et d'insistance permettent de décupler la violence du ton. On peut citer comme exemple cette gradation : Le peuple, le sénat, tout l'empire romain, Tout l'univers - cela permet aussi de provoquer compassion et pathos chez le lecteur, ce qui est un ressort tragique. [...]
[...] Racine, Bérénice, Acte IV, Scène 5 Commentaire Le déchirement tragique A. Le dilemme de Titus La scène présente une longue plainte de Titus. Le personnage dégage une aura tragique propre aux protagonistes des tragédies classiques, notamment raciniennes : - il a conscience du destin tragique qui l'attend, lorsqu'il déclare je n'aurais pas, Madame, à compter tant de jours - il s'exclame de façon élégiaque : Hélas ! ce qui rend ses interventions plaintives - il a conscience de l'emprise de l'amour de Bérénice, puisqu'il le lie à tout (elle peut tout ce qui aggrave son dilemme. [...]
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