Commentaire composé de la scène 5 de l'acte 4 de la pièce de Racine intitulée Bérénice.
[...] Seigneur, vous voici ! Eh bien ? il est donc vrai que Titus m'abandonne ? Il faut nous séparer ; et c'est lui qui l'ordonne ! Titus N'accablez point, Madame, un prince malheureux. Il ne faut point ici nous attendrir tous deux. Un trouble assez cruel m'agite et me dévore, Sans que des pleurs si chers me déchirent encore. Rappelez bien plutôt ce coeur qui tant de fois M'a fait de mon devoir reconnaître la voix. Il en est temps. [...]
[...] Bérénice Ah Seigneur ! s'il est vrai, pourquoi nous séparer ? Je ne vous parle point d'un heureux hyménée ; Rome à ne plus vous voir m'a-t-elle condamnée ? Pourquoi m'enviez-vous l'air que vous respirez ? Titus Hélas ! vous pouvez tout, Madame : demeurez, Je n'y résiste point. Mais je sens ma faiblesse : Il faudra vous combattre et vous craindre sans cesse, Et sans cesse veiller à retenir mes pas, Que vers vous à toute heure entraînent vos appas. [...]
[...] Car enfin, ma Princesse, il faut nous séparer. Bérénice Ah ! cruel ! est-il temps de me le déclarer ? Qu'avez-vous fait ? Hélas ! je me suis crue aimée. Au plaisir de vous voir mon âme accoutumée Ne vit plus que pour vous. Ignoriez-vous vos lois Quand je vous l'avouai pour la première fois ? A quel excès d'amour m'avez-vous amenée ? Que ne me disiez-vous : "Princesse infortunée, Où vas-tu t'engager, et quel est ton espoir ? Ne donne point un coeur qu'on ne peut recevoir". [...]
[...] Ainsi, les marques temporelles se figent dans une éternité. De plus, notons que cette temporalité est appuyée par des figures de style riches et variées : on trouve plusieurs anaphores, vers 11 "dans vers 13 "que le jour", vers 15 "sans que". Cette figure d'insistance contribue donc à créer une atmosphère lyrique. Chiasme vers 19 : "ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts". Transition : Ainsi, les répliques de l'amante éconduite s'apparentent à un poème d'un douloureux lyrisme. [...]
[...] j'espérais de mourir à vos yeux, Avant que d'en venir à ces cruels adieux. Les obstacles semblaient renouveler ma flamme, Tout l'empire parlait, mais la gloire, Madame, Ne s'était point encor fait entendre à mon coeur Du ton dont elle parle au coeur d'un empereur. Je sais tous les tourments où ce dessein me livre, Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre, Que mon coeur de moi-même est prêt à s'éloigner, Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner. Bérénice Eh bien ! [...]
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