La reine de Palestine Bérénice est passionnément éprise de l'empereur romain Titus au couronnement duquel elle vient d'assister. Sa confidente Phénice lui ayant laissé entendre que la raison d'État pouvait s'opposer au mariage qu'une passion partagée semblait lui promettre, elle l'a interrompue pour évoquer la nuit fastueuse à laquelle elles viennent toutes deux d'assister.
Le spectacle reconstitué par Bérénice est entièrement coloré par la passion qui l'habite, et témoigne du travail effectué sur la réalité par un esprit ; mais cette évocation est aussi une sorte d'argumentation destinée à écarter les doutes suggérés par la suivante : les propos de Bérénice sont donc également ceux d'une femme inquiète qui cherche à convaincre et à se convaincre.
Justification du plan
Problématique : Qui parle, à qui ?
L'erreur aurait été de considérer cette tirade comme un monologue : si Bérénice en effet reconstitue ici dans l'enthousiasme une scène à forte charge émotionnelle, elle plaide aussi contre la suggestion empoisonnée de sa suivante. Le plan s'impose donc : Bérénice remâche et recharge son bonheur, mais aussi s'efforce énergiquement de se convaincre (ainsi que Phénice) que Titus ne l'abandonnera pas.
I. Le témoignage d'une amoureuse
A. Titus transfiguré
1) Clair obscur
Sans nul doute, c'est une femme amoureuse qui nous présente la scène du couronnement à travers un tableau traité en clair-obscur dont la tonalité est donnée dès le premier vers, riche d'une belle association de mots : "De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ?"
2) Symbolisme du feu
Le présence des flammes et de la lumière y a manifestement une valeur métaphorique car : "Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée" témoignent largement autant de l'embrasement du coeur de l'héroïne que de la beauté du spectacle nocturne (...)
[...] Syntaxe de l'émotion Exclamatives Ainsi, le tableau présenté par Bérénice est-il largement plus révélateur du témoin que de la réalité. Cet effet se trouve encore souligné par une syntaxe chargée d'une vive émotion : les tournures exclamatives colorent d'affectivité les propos des vers et 13 ; le discours de Bérénice ne donne d'ailleurs pas l'impression d'une description ou d'un récit organisés : plutôt que de raconter, elle revit la scène, comme en témoigne l'abondance des démonstratifs qui paraissent désigner un spectacle présent Cette pourpre cet or ces lauriers . [...]
[...] Tours interrogatifs Le texte s'ouvre et se ferme sur des tours interrogatifs ; ce fait à lui seul peut conférer à cette page la dimension supplémentaire mentionnée plus haut. En effet, lorsque, s'adressant à sa confidente, Bérénice lui demande : Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur, on discerne là, sans doute, son désir de voir reconnaître à sa passion un fondement objectif reposant sur la valeur indiscutable de l'élu ; mais ces interrogations ont surtout pour fonction de forcer la main de son interlocutrice pour obtenir qu'elle revienne, désormais convaincue, sur les réserves qu'elle a émises. [...]
[...] Racine, Bérénice, I [Bérénice, reine de Palestine aime passionnément l'empereur romain Titus. À l'issue de la cérémonie du couronnement sa confidente Phénice lui a laissé entendre que la raison d'État pouvait s'opposer au mariage.] Bérénice (à Phénice) : De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ? Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur, Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, repeuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat ; Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire, Et ces lauriers encor témoins de sa victoire ! [...]
[...] Le témoignage d'une amoureuse 5 A. Titus transfiguré 5 Clair obscur 5 Symbolisme du feu 5 Titus, source de lumière 6 Titus, pôle d'attraction 6 B. Syntaxe de l'émotion 7 Exclamatives 7 Tours nominaux 8 Rupture de construction 8 II. Une femme inquiète 10 A. Tours interrogatifs 10 B. Syntaxe 11 C. Sens de l'exagération 11 D. Démonstratifs 12 E. [...]
[...] Le spectacle reconstitué par Bérénice est entièrement coloré par la passion qui l'habite, et témoigne du travail effectué sur la réalité par un esprit ; mais cette évocation est aussi une sorte d'argumentation destinée à écarter les doutes suggérés par la suivante : les propos de Bérénice sont donc également ceux d'une femme inquiète qui cherche à convaincre et à se convaincre. Justification du plan Problématique : Qui parle, à qui ? L'erreur aurait été de considérer cette tirade comme un monologue : si Bérénice en effet reconstitue ici dans l'enthousiasme une scène à forte charge émotionnelle, elle plaide aussi contre la suggestion empoisonnée de sa suivante. Le plan s'impose donc : Bérénice remâche et recharge son bonheur, mais aussi s'efforce énergiquement de se convaincre (ainsi que Phénice) que Titus ne l'abandonnera pas. I. Le témoignage d'une amoureuse A. [...]
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