Explication d'un extrait de la cinquième scène de l'acte V d'Andromaque de Racine. Ce passage décrit de quelle manière Oreste sombre dans la folie.
[...] mais cela ne l'empêche pas de s'adresser à lui comme s'il était en chair et en os et même de passer à l'acte au vers 1632. La présence presque tangible (en tout cas pour Oreste) de Pyrrhus est traduite par la répétition de l'impératif Tiens, tiens qui s'accompagne d'un jeu de scène frappant : Oreste portant dans le vide des coups de poignards à un Pyrrhus invisible pour le spectateur, mais très réel pour lui. La folie d'Oreste se traduit encore dans l'interjection voilà ! au vers 1632 qui exprime la jouissance chez Oreste de son geste meurtrier. [...]
[...] Explication du texte : Andromaque, acte scène vers 1613-1644 La folie d'Oreste Situation du passage : Le texte fait partie de la dernière scène de la pièce et constitue dans la structure tragique de la pièce, la dernière étape de la catastrophe. Depuis le début de l'acte V les évènements se sont précipités selon l'usage de la tragédie classique : le spectateur a successivement appris la mariage de Pyrrhus et d'Andromaque (scène et l'assassinat de ce dernier par Oreste (scène ; puis il a assisté à la scène dramatique ou Hermione a chassé Oreste en l'accusant du meurtre qu'elle avait elle- même ordonné (le fameux Qui te l'a dit ? [...]
[...] Conclusion : Le texte présente un remarquable mélange d'aveuglement et de clairvoyance tragiques. La clairvoyances est soulignée par l'ironie tragique caractéristique du passage : Oreste est ici un peu semblable à Œdipe en ce que, c'est au moment ou il devient aveugle au monde extérieur qu'il devient clairvoyant sur l'impasse tragique(vers 1626 De quel côté sortir où il est enfermé, en particulier sur l'impasse passionnelle où il se trouve. Le spectateur ne peut qu'être frappé par l'irréalité matérielle de la vision d'Hermione embrassant Pyrrhus, et par sa vérité psychologique : quoi qu'il fasse, Hermione aimera toujours Pyrrhus, pour l'éternité du mythe. [...]
[...] Cette ambivalence entre clairvoyance et aveuglement est d'autant plus intéressante qu'elle modifie toute la perspective de cette scène : Si la clairvoyance l'emporte, la scène est une remarquable scène de reconnaissance tragique et finalement de catharsis où le héros arrive dans l'acceptation de sa souffrance et de son châtiment à une véritable intelligence de son destin ; il peut désormais mourir content c'est-à-dire au sens étymologique apaisé Si l'on estime en revanche que l'aveuglement l'emporte sur la lucidité, tout le début de la tirade prend une signification fortement ironique et constitue une protestation amère et haineuse contre son sort et finalement contre la réalité de la condition humaine. Dans cette optique la folie constitue la dernière échappatoire du héros pour s'opiniâtrer dans sa passion, ne pas renoncer à elle et ne pas entendre la leçon fondamentale de la tragédie classique. [...]
[...] et tactile à partir du vers 1640. Ainsi l'hallucination d'Oreste est complète et se traduit au vers 1644 par un abandon total d'Oreste aux fureurs d'Hermione comme une victime artificielle qui s'apprête à être démembrée : déchirer au vers 1643. Cet abandon d'Oreste à la fureur d'Hermione et à sa propre folie est remarquablement exprimé par l'objectivation du vers 1641, c'est à dire qu'Oreste parle de lui à la troisième personne : à vos fureurs, Oreste s'abandonne et le dédoublement du dernier vers où Oreste, en portant son cœur à dévorer à Hermione, participe activement à son propre démembrement. [...]
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