Le texte que nous allons étudier est le début du prologue de Gargantua, roman écrit en 1534 par François Rabelais, humaniste de la Renaissance.
Avant d'entamer les aventures du géant Gargantua et de son père Grandgousier, roi des Dipsodes, l'auteur s'adresse à son lecteur de façon familière et lui fait comprendre qu'il ne faut pas se laisser tromper par les apparences (...)
[...] Or cette double exigence témoigne de l'ambivalence du passage et reflète la complexité de l'oeuvre tout entière. Nous verrons donc, dans un premier temps, les références philosophiques du texte, Platon et Socrate et enfin la philosophie du prologue. Les références philosophiques du texte Rabelais commence son prologue par s'adresser directement au lecteur par des appellatifs relevant d'un lexique bas et péjoratif: "buveurs" l.1, c'est à dire ivrognes, et "vérolés", l.1 soit contaminés par la syphilis, maladie sexuellement transmissible. Cette description est supposée établir l'image du lecteur modèle. [...]
[...] De plus, l'auteur commence à décrire "l'aspect extérieur" de Socrate; la description se résume avec la phrase "vous n'en auriez pas donné une pelure d'oignon", à la l.18-19; Il énumère ensuite les défauts de ce grand philosophe qu'il admire pourtant. Puis, l.36-38, il nomme des oeuvres qu'il est censé avoir écrites: des allusions grossières avec "Fesse pinte" par exemple, et une parodie d'analyse avec "Des Pois Au Lard avec commentaire". Rabelais donne l'impression qu'il se moque du lecteur. Enfin, l'auteur explique qu'il souhaite qu'un lecteur se comporte avec son oeuvre de la même façon qu'un chien suce son os à moelle. [...]
[...] De façon générale, Rabelais cherche apparemment à faire passer un message: malgré les apparences comiques et burlesques du récit à suivre, il y a un fond bien plus profond et philosophique, reflet des idéaux humanistes, qu'il faut savoir déceler puis interpréter sans faire attention au ridicule de la forme. La philosophie du prologue Rabelais affirme donc que les apparences ne sont pas à prendre en compte. Pourtant, lui-même porte beaucoup d'attention à celles de son lecteur: l.1-3 "Buveurs . mes écrits". [...]
[...] Mais il précise qu'il veut être écouté et que ce prologue, malgré ses apparences burlesques, cache une intention très sérieuses. ¨Platon et Socrate Le texte est rigoureusement structuré: le chiasme du premier paragraphe, où Rabelais parle de Socrate,le compare aux Silènes, puis il décrit les Silènes et revient à la description de Socrate. la comparaison simultanée: dans tout le passage, Rabelais explique comment ses oeuvres (réelles ou non), Socrate, et les Silènes sont tous d'apparence très trompeuse. la métaphore filée du lecteur, considéré comme semblable à un chien avec son os à moelle, l. [...]
[...] On constate que Rabelais place d'emblée ce personnage dans la cadre d'un genre littéraire mélioratif: ce paragraphe est un éloge, c'est à dire un discours rhétorique consistant à louer les qualités d'un personnage. Ces grandes références montrent que Rabelais connaît bien les philosophes grecs et qu'il considère avec beaucoup de respect leurs doctrines. Références à la mythologie: les "figures drôles et frivoles", l.9 de bêtes et de créatures imaginaires que l'on trouve sur les Silènes, l.10- 12: "harpies, satyres . [...]
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