Du latin pro logos, le prologue désigne ce qui est situé "devant le discours". Ce qui le caractérise au premier abord, c'est donc sa place liminaire. Le prologue doit annoncer l'oeuvre de laquelle il est en tête.
Sa fonction, c'est d'attirer la bienveillance du lecteur afin d'obtenir la lecture de l'oeuvre (captatio benevolentiae) dans le but de plaire, d'émouvoir et d'instruire (placere, docere, movere). Le prologue doit donner envie au lecteur de lire l'oeuvre mais justifier l'écriture, expliquer la rupture du silence. Le mot de prologue n'est peut-être pas pris au hasard par Rabelais, qui aurait aussi bien pu utiliser le titre de préface, avant-propos... Le prologue, selon Aristote dans sa Poétique, désigne "une partie complète de la tragédie qui précède l'arrivée du choeur". La conception du prologue est donc rattachée au genre dramatique, et plus particulièrement à la tragédie. Une première contradiction résiderait entre l'appellation de prologue (comme présentation d'un genre noble) et le contenu même de ce prologue, à l'aspect comique. Le prologue ici est aux antipodes de la tragédie qu'il était censé présenter dans l'Antiquité. Ce décalage crée un effet comique qui fait du prologue un texte ludique et provocateur (...)
[...] Ce sens étymologique est souvent assez éloigné du sens courant, prendre un mot dans son acception étymologique c'est donc accroître la polysémie de ce terme. Dans cette perspective si l'on revient sur la dédicace, on peut remarquer qu'à l'oxymore : illustre buveurs et vérolé très précieux se combine une polysémie : les buveurs de vin sont illustres sans doute mais surtout brillants (sens étymologique du latin illustris) de tout l'alcool qu'ils ont ingurgité. Si les oxymores nous promettaient une œuvre fondée sur un mélange de registre comique et sérieux, le jeu étymologique nous invite à voir l'œuvre dans sa polysémie, dans ses sens cachés. [...]
[...] L'œuvre décrit les années d'apprentissage du géant Gargantua, père de Pantagruel. Le titre, promettant plein de pantagruélisme ainsi que le lien de parenté entre les deux personnages, créent donc une relation intertextuelle entre ses deux textes. C'est sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasié (anagramme parfaite de François Rabelais) que l'auteur écrit ses œuvres. Le prologue de Gargantua, plus complexe que celui du Pantagruel, mêle éléments sérieux et comique burlesque. L'auteur nous invite d'ailleurs à considérer l'œuvre au-delà de son aspect simpliste à travers la célèbre métaphore de la substantifique moelle Mais en quoi ce prologue va-t-il au-delà de son rôle habituel ? [...]
[...] La première phrase du prologue est composée d'une dédicace dont nous avons déjà fait l'étude, et d'une référence aux sources antiques. Mélange de registres, mélange de sens, confusion de l'interprétation à choisir, c'est dans cette atmosphère ambiguë que commence le prologue. C'est une incitation a voir un sens plus profond de l'œuvre. Les paradoxes qui court tout au long du prologue inspirent le rire, par les décalages auxquels il donne lieu, mais amène aussi une réflexion B/Le culte du paradoxe: une machine à rire ou une machine à penser ? [...]
[...] Si l'on cherche et que l'on va plus loin dans notre lecture, on remarquera a propos de Bacchus qu'il avait lui aussi deux facettes: c'était un dieu à la fois national et populaire, honoré dans les pays grecs, mais le culte de Dionysos (Bacchus) à beaucoup contribué a introduire dans la religion, le sens du mystère, dans la poésie lyrique, le sentiment de la nature et dans les arts plastiques, le mouvement passionné. Plusieurs genres littéraires en découlent comme la poésie orphique, dithyrambe, et tout le théâtre. La référence à Bacchus, évoque a la fois le plaisir du boire et du manger, et celui de créer. On a l'impression dans l'œuvre, que toute chose à son contraire, et surtout, que toute chose est son contraire. [...]
[...] C'est pour Rabelais l'occasion de confronter les préceptes du Moyen Age à ceux de la Renaissance. L'Œuvre devient pour le lecteur, source d‘apprentissage, à condition qu'elle soit lue dans le seul espoir de devenir avisé et vertueux l 82 Orienter la lecture permet à l'auteur de faire comprendre l'ambigüité des propos tenus, ce qui est d'ailleurs expliqué. 83 : vous y trouverez un goût plus subtil et une philosophie cachée qui vous révélera de très hautes arcanes et d'horrifique mystères, en ce qui concerne tant notre religion que, aussi, la situation politique et la gestion des affaires. [...]
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